Ivan Rioufol n’attend plus grand-chose de Gérald Darmanin ou Gabriel Attal, dont l’audace n’est qu’apparente. La politique de la poudre aux yeux prend les citoyens pour des imbéciles.
L’anecdote illustre le vide qui emplit la politique : alors qu’un député argumente à l’Assemblée, lundi dernier, sur la motion de censure déposée par la gauche contre le gouvernement, Gabriel Attal est photographié montrant à ses voisines, dont Rachida Dati, la photo de son chow-chow, Volta, que les sœurs du Premier ministre viennent de lui envoyer sur son portable. Si l’on rapproche cette scène puérile sur le petit chien du long entretien accordé ce week-end par Vladimir Poutine au journaliste américain Tucker Carlson, se mesure par contraste ce que le politologue Gaël Brustier décrit comme « l’épuisement complet de la vie politique et de ses protagonistes »1. Tandis que l’autocrate russe puise longuement dans l’histoire et « l’âme » de son peuple pour justifier sa politique vis-vis de l’Ukraine et du monde occidental, les dirigeants français affichent une affligeante légèreté devant le tragique de l’histoire. L’ancien Premier ministre macronien, Edouard Philippe, parle d’or quand il voit, dans La Tribune-Dimanche2, le futur président de 2027 comme « enraciné, grave, qui parle peu mais fait ». Cependant, ce contre-portrait d’Emmanuel Macron ne trouve à s’incarner chez aucun de ses disciples au pouvoir, qui persistent à chanter les mérites de la mondialisation et de l’Europe supranationale. Comme le rappelle cette fois François Bayrou à l’adresse du chef de l’État et de son jeune Premier ministre, dont il a refusé de rejoindre l’équipe, rien n’est plus préoccupant que « l’ignorance par les responsables du sommet de ce que vit la base ». Pour avoir porté depuis des lustres cette critique du déracinement des élites et de leur éloignement des gens ordinaires, je ne peux qu’approuver ce diagnostic tardif.
Ce constat a une conséquence immédiate : il ne faut rien attendre de ceux qui ont mis la France dans cet état de chaos ; ils sont possédés par leurs erreurs. Déjà, les agriculteurs menacent de reprendre leur mouvement. Le volontarisme déclamé par Attal sur l’École n’aura duré que quelques semaines. En nommant, jeudi, Nicole Belloubet pour lui succéder, le chef de l’État a réintroduit la gauche idéologue au cœur de l’Éducation nationale. Les écrits d’hier de l’ancienne militante socialiste laissent présager son alignement sur les positions syndicales qui ont contribué à l’effondrement du système scolaire. C’est la nouvelle ministre de l’Éducation qui a parlé en 2016 des « fariboles sur la restauration de l’autorité » et qui a défendu l’urgence de « sortir du cadre rigide du cours magistral ».
De la même manière, il ne faut guère attendre de résultats après l’audace apparente de Gérald Darmanin, qui a annoncé ce week-end vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte, 101ème département submergé par l’invasion comorienne et africaine. L’effet d’annonce, que le gouvernement refuse d’étendre à l’ensemble de la France, a surtout été le prétexte pour mettre fin aux visas territorialisés qui assignaient à demeurer dans l’archipel. Dès hier, des titulaires d’un titre de séjour ont été acheminés en métropole afin d’y être disséminés. La politique de la poudre aux yeux prend les citoyens pour des imbéciles. Les dirigeants devraient y prendre garde…
- Les analphabètes au pouvoir, Editions du Cerf ↩︎
- https://www.latribune.fr/economie/politique/la-competition-ne-me-fait-pas-peur-edouard-philippe-990221.html ↩︎
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