La Pologne résiste. La Pologne conteste. La Pologne insiste. La Pologne est seule au monde!
La Pologne affirme ses vérités, coûte que coûte, sans trop réfléchir aux conséquences. Elle assume parfaitement être un pays anti-immigration, anti-LGBT et antiavortement. Elle s’oppose au principe de primauté du droit européen sur ses lois nationales. Elle ignore les consignes de Bruxelles pour l’exploitation de Bialowieza, l’une des dernières forêts primaires du continent.
Elle veut aussi écrire sa propre histoire de la Seconde Guerre mondiale, en adoptant en 2018 une loi qui punit ceux qui feraient allusion à une responsabilité quelconque de « la nation ou de l’État polonais » dans les crimes commis par l’Allemagne nazie. Le texte a toutefois été amandé quelques mois plus tard, après que le gouvernement ait essuyé les foudres du gouvernement israélien.
Le prix de la liberté
Cette liberté politique, idéologique ou historique que le pays veut conserver à tout prix lui revient cher. Financièrement tout d’abord : 1 million d’euros par jour pour ne pas avoir obtempéré à la Cour de Justice de l’Union Européenne, 100 000 euros d’astreinte par jour en cas de nouvel abattage de bois de Bialowieza, et 353 millions d’euros pour la construction du mur sur sa frontière avec la Biélorussie, suite à la récente crise des migrants. Une construction que le gouvernement polonais entend financer de sa poche, pour ne surtout pas tomber dans un piège de coopération européenne, qui demanderait en échange d’une aide fincancière des efforts en vue de se conformer avec des principes, avec une foi…
Car la Pologne reste un pays catholique, fidèle aux fondamentaux chrétiens. À l’héritage de son fils chéri devenu Pape, Jean-Paul II. Celui qui il y a 17 ans à peine avait écrit dans son ouvrage Mémoire et Identité à, propos des mariages homosexuels : « Il est légitime et nécessaire de se demander s’il ne s’agit peut-être pas d’une composante d’une nouvelle idéologie du Mal » …
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Le monde a bien changé depuis, le nouveau Pape François milite ouvertement pour les causes progressistes ou LGBT. La Pologne va-t-elle rompre avec Vatican, comme elle se coupe de toutes les sources qui menacent son identité ? Même les États-Unis, allié vital et garant de la survie nationale face à l’éternel ennemi russe, ne trouvent plus grâce à ses yeux. Après quatre ans d’osmose parfaite avec Donald Trump, Varsovie a été parmi les dernières à féliciter Joe Biden pour son élection. Avant de trainer les pieds pendant de longs mois pour la nomination du nouvel ambassadeur américain en Pologne, pour finalement accepter un certain Mark Brzezinski, qui, possédant la double nationalité, américaine et polonaise, se retrouve de fait non éligible pour être ambassadeur dans son propre pays ! Pourtant, Mark est le fils de Zbigniew Brzezinski, le plus puissant homme politique américain d’origine polonaise des cinquante dernières années, Conseiller à la Sécurité nationale du président démocrate Jimmy Carter et fervent défenseur de la Pologne face au communisme, sans qui l’union des syndicats Solidarnosc n’aurait jamais vu le jour.
Une nation habituée aux traumatismes
Mais la Pologne ne se reconnait plus dans les Démocrates américains et leur wokisme ambiant. Elle n’a pas d’autres héros pour remplacer ceux de toujours, pas d’autres cultures à promouvoir à la place de la sienne. Pourrait-elle tenir longtemps sans cordon ombilical de l’Amérique ? L’histoire a vu souvent cette terre devenir une monnaie d’échange dans les grands enjeux géopolitiques. Parfois ce jeu a tourné en sa faveur. Comme avec Napoléon qui a recréé en 1807 le duché de Varsovie, une illusion d’autonomie dans le Grand Empire français. Et surtout, en 1918, quand le Maréchal Pilsudski a arraché des vastes territoires à la Russie post–tsariste déboussolée et à l’Allemagne à genoux, défaite dans la Grande Guerre. Mais les mouvements stratégiques des grandes puissances voisines lui ont souvent aussi été fatals ou dévastateurs. En 1939 notamment, quand le pays a été partagé, tel du vulgaire gibier de chasse, entre les deux ogres les plus cinglés de l’histoire, Hitler et Staline.
80 ans plus tard, la Pologne a-t-elle pu tourner la page de ce double traumatisme germano-soviétique ? Nous allons finir par le savoir. En attendant le pays se barricade. Contre les menaces territoriales sur son flanc oriental. Pour protéger son intégrité culturelle sur sa frontière occidentale. Dans un nouveau monde qui écrase sur son passage tous les murs-porteurs d’antan, la Pologne se veut une petite arche espérant être sauvée du déluge.
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