Emmanuel Macron et Gabriel Attal volent à la rescousse de Valérie Hayer et délivrent un message politique fort : vivent l’Europe, les d’jeuns, la diversité et la fête !
La semaine dernière, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont battu la campagne des européennes pour prêter main forte à leur tête de liste, en difficulté. Seule ou confrontée à ses adversaires, Valérie Hayer débite mécaniquement le discours européiste éculé de la Macronie. Agaçant plus qu’elle ne séduit, elle multiplie les bourdes avec une innocence désarmante. La dernière en date ? Se faire tirer le portrait aux côtés de militants néo-nazis. Le but de l’exécutif : couvrir la voix de leur candidate calamiteuse à défaut de pouvoir la bâillonner ; rallier la jeunesse et la diversité. Le risque encouru : lasser l’électorat des retraités (qui leur est acquis) par une célébration forcenée du multiculturalisme festif et l’injonction à se fondre dans l’Europe. Dans l’exercice, Emmanuel Macron se révèle tel qu’en lui-même, tristement prévisible, démagogue et racoleur. Gabriel Attal, malléable et inféodé à son maître, se met au diapason.
Jul et Mbappé rallient la macronie
Comme Néron, notre président aime les jeux et la fête ; sait allumer le feu comme personne. C’est donc sans bouder son plaisir qu’il s’est rendu dans la cité phocéenne malgré un agenda chargé (réception du président chinois et commémoration du 8 mai 1945) pour réceptionner la flamme olympique. Notre amateur de redoute tenait là l’occasion rêvée pour fédérer des électeurs encore moroses, indifférents voire dubitatifs ou hostiles. C’est donc en se trémoussant sur la chanson du rappeur Jul qu’il les a exhortés à communier dans la pride : « Ces Jeux de Paris, il faut montrer que c’est un moment d’unité, qu’on en est capable et qu’on peut en être fier. » Notre thaumaturge a même promis de subtiliser Mbappé au Real Madrid, le temps des Jeux.
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Les femmes et les enfants d’abord !
Samedi 11 mai, c’est dans une longue vidéo diffusée sur X, Instagram et TiK Tok qu’Emmanuel Macron, président des d’jeuns, nous a joué un lamentable numéro de mauvais youtubeur. Sous couvert de répondre aux questions posées par Charlie le Beau Gosse et ses copains tout juste pubères, notre ravi a réussi la prouesse de s’auto-interviewer avec puérilité ; notre naïf imaginait sans doute faire gober sa grossière propagande pro-UE. Voici quelques-unes des mesures (attendues par tous) qu’il propose : instauration de la majorité numérique à quinze ans, diplôme commun européen, un plan à mille milliards d’euros pour le climat, l’intelligence artificielle et les efforts de défense. L’Europe, selon lui, joue son avenir en Ukraine, aussi, il appelle de ses vœux la création d’une armée de défense européenne. Qu’on se rassure, il n’est pas question d’entrer en guerre contre la Russie, mais de « dissuader » Moscou tout en « aidant » l’Ukraine ; ni vu ni connu, je t’embrouille. On a eu droit, aussi, au sempiternel couplet contre les extrêmes droites « qui sont sur des logiques de peur, de colère, de ressentiment », « jouent beaucoup plus sur l’émotion négative que l’argument » et « avancent masquées » pour nous sortir de l’Europe. Notre bougre qui est sur tous les fronts, n’en a pas pour autant oublié les vieilles : dans l’hebdomadaire ELLE, il s’est engagé à œuvrer pour leur faciliter la ménopause « un vrai tabou de la société, avec tout ce qu’elle entraîne de déséquilibres hormonaux et de pathologies. » « Je souhaite qu’une mission parlementaire se saisisse de la question (…) ».
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« Le J c’est le S. »
Pour ce qui est de Gabriel Attal, on le connaissait martial et ferme (dans les mots, en tout cas.) Le magistral : « Tu casses, tu répares ; tu salis, tu nettoies ; tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter » lui avait attiré l’indéfectible sympathie des vieux cons. C’est donc avec consternation qu’on l’a vu remiser le verbe mâle et guerrier auquel il nous avait habitué pour copiner, aussi bon démagogue que son maître, avec les d’jeuns qu’il nous avait expliqué vouloir mater. Il a donc témoigné, sur X, sa proximité avec le rappeur Jul, notre allumeur de chaudron olympique adulé par la jeunesse, et a déclaré la fête ouverte : « Le J c’est le S. La flamme est arrivée. Que la fête commence ! » La fermeté à l’école c’est bien ; mais la fête c’est mieux et surtout, c’est bien plus vendeur.
Puis, lors de la célébration de l’abolition de l’esclavage, à La Rochelle, Gabriel Attal flanqué de Nicole Belloubet nous a servi un discours de repentance à la Macron : « Trop longtemps un voile a été jeté sur ce passé. » « Le reconnaître ça n’est pas s’affaiblir, au contraire, c’est grandir. » Souhaitant qu’une « grande exposition nationale sur la mémoire de l’esclavage puisse se tenir en 2026 pour le 25e anniversaire de l’adoption de la loi sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. », le Premier ministre a également annoncé la création prochaine d’un label spécifique pour les lieux de mémoire de l’esclavage. Il n’a pas omis, bien sûr, de mettre en garde contre « le piège de ceux qui jouent la montée des fièvres. »
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L’entreprise de séduction de nos duettistes risque bien de se révéler contre-productive et de ne servir qu’à consolider l’avance de Jordan Bardella. Il faut s’en amuser : « Ce n’est que le début du grand ménage. Plus de nostalgies mortifères ! Vive la Fête ! L’oubli dans la joie ! Cette époque affiche complet, mais ce serait très ingrat de s’en plaindre. Particules que nous sommes ! Fragments ! Nous devons tout à notre multitude. » Philippe Muray, L’Empire du Bien
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