Pour creuser la distinction avec le candidat-président, décrété plus grand diviseur des Français, le candidat de l’opposition, qui se présente a contrario comme le rassembleur bienveillant, vient de ressortir de son chapeau la suppression du mot « race » de la Constitution.
Cette mesure symbolique, annoncée lors du meeting consacré à l’Outre-Mer, sera la première du quinquennat Hollande. A travers l’éloge progressiste de la diversité, c’est la boucle de l’utopie socialiste qui est bouclée. On revient au premier discours prononcé après sa victoire aux primaires socialistes, où dans un élan fraternel et onirique, François Hollande parlait de « réenchanter le rêve français ».
Le contenu du rêve est dévoilé et il n’est pas franchement français.
C’est le rêve cosmopolite d’un humanisme sans frontières, qui célèbre la diversité rayonnante, intrinsèquement ouverte, tolérante, riche et salutaire, qui doit triompher sur la dangereuse essentialisation sectaire et mortifère d’une nation crispée, refermée sur elle-même, car trop homogène. On est pas très loin du « nous sommes tous des métis » lancé par un certain Jacques Chirac en 1987 lors de son voyage dans les Antilles !
Fusionnent alors dans une confusion déconcertante, ces deux formules rousseauistes saupoudrées d’une pluie de paillettes antiracistes : « Il n’y a qu’une seule race, qu’une famille, c’est la famille humaine » et « cette diversité, c’est notre identité. »
Et comme dans un rêve, la magie s’invite, les mots ont soudain une puissance opérante sur la réalité. Ainsi, François Hollande fait comme si rayer le terme si choquant de race de la Constitution suffisait à faire disparaître les comportements et injures racistes. Et au-delà de ce tour de magie, la cohérence est également mise à l’épreuve puisque ostraciser le mot race reviendrait finalement à nuire au discours antiraciste qui s’est construit justement sur l’inversion des thèmes racistes. De toute façon, l’illogisme est bien le critère du rêve, n’est-ce pas ?
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