Nouvelle tendance : aux États-Unis, la société Recompose permet de transformer les cadavres en compost humain.
Il y a dans certaine écologie une anthropologie utilitariste poussée à l’extrême, un rationalisme scrupuleux et quasi maléfique qui nous laissent pantois. Ainsi, l’entreprise Recompose, basée à Washington, s’est spécialisée dans le « compostage humain » ; lequel a l’extrême avantage de diminuer l’empreinte carbone du mort, de régler définitivement ce problème empoisonnant de places dans les cimetières et de proposer à la famille un mètre cube de terre riche en nutriments ; soit 36 sacs de bon engrais pour planter arbres ou enrichir bacs à jonquilles.
Le cadavre, dûment déposé dans une cuve et entouré de copeaux de bois, de luzerne et d’herbe à paille va gentiment pourrir pendant trente jours ; au terme desquels il ne ressuscitera pas mais sera soumis à un processus de ventilation, de chauffage et de climatisation, après qu’on lui a dûment brisé les os restants et qu’on a analysé le contenu de la boîte, en espérant, bien sûr, que le corps n’ait pas disparu…
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Si en Suède, le compostage humain est déjà légal, si au Royaume Uni, les enterrements naturels – où un corps est enterré sans cercueil ou avec un cercueil biodégradable – sont permis ; en France ce procédé reste interdit. Elisabeth Lamure, sénatrice LR du Rhône, avait interpellé le gouvernement à ce sujet, mais le ministère de l’Intérieur avait estimé que « son introduction en droit interne soulèverait des questions importantes, tenant notamment à l’absence de statut juridique des particules issues de cette technique ».
Élémentaires, les particules… Un statut juridique pour nos restes ? Et pour le cadavre initial, il n’y a rien ? Rien pour nous soustraire à cette chosification définitive de l’être humain ?
Espérons, du moins, qu’à défaut d’une empreinte carbone par trop élevée, la personne ainsi traitée aura laissé sur la terre des empreintes d’une autre qualité…
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