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La mort, cette inconnue

Ce que le coronavirus dit de notre rapport à la mort


La mort, cette inconnue
Un agent des pompes funèbres récupère les corps de résidents d'Ephad décédés du Covid-19, Bantzenheim (région mulhousienne), 5 avril 2020.

Notre surréaction au léger rebond de mortalité provoqué par le Covid-19 révèle notre hypersensibilité à la mort. En l’absence de fléaux ou de grandes guerres depuis des décennies, l’allongement de l’espérance de vie est devenu un droit de l’homme.


L’épidémie de Covid-19 agit comme un extraordinaire effet de loupe sur les attitudes contemporaines devant la mort. Chaque soir à la télévision, le désormais célèbre directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, nous donne le décompte des morts du jour. On en oublierait presque qu’avant l’épidémie, 1 700 personnes mouraient chaque jour en France.

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L’expérience collective de la mort

L’effet de loupe s’explique aussi par le plus grand nombre de décès simultanés. D’habitude, on meurt en ordre dispersé et chacun, les moribonds et ceux qui leur survivent, vit discrètement le problème à son échelle, selon un calendrier individuel et aléatoire. Ici, exceptionnellement, on vit tous ensemble les conséquences de l’épidémie.

Techniquement, dans ce genre de situation, on parle de mortalité extraordinaire, bien qu’elle soit très limitée. Au XVIIe siècle, il se produisait localement une crise de ce genre tous les dix ou vingt ans, si bien que la mortalité ordinaire enregistrée dans l’année doublait. Dans le cas présent, au pire moment de l’épidémie, on aura eu un surcroît hebdomadaire de mortalité de l’ordre de 30 à 40%, soit un nombre de décès quotidien approchant de celui de la guerre de 14 (autour de 950 morts), mais sur deux semaines seulement (et non 52 mois) et avec 25 millions


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Mai 2020 – Causeur #79

Article extrait du Magazine Causeur




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