N’en déplaise aux tenants de la pensée unique, il est encore possible de critiquer Israël quand bien même ce pays est meurtri dans sa chair.
Car le sang qui a coulé sur son sol coule à présent sur le sol de Gaza. Non que les Gazaouis soient parfaitement innocents de ce qui leur arrive. Après tout, ils ont élu le Hamas, et bon nombre macèrent chaque jour dans la haine du Juif. Mais beaucoup subissent la situation, n’ont pas voulu du Hamas et encore moins de ses attaques terroristes. La bande de Gaza, ce n’est pas la bande à Baader en version islamiste. Bien sûr, la guerre est toujours une tragédie ; bien sûr, elle fait des « dommages collatéraux », des morts non voulues, contrairement aux crimes du Hamas, ses crimes contre l’humanité ; bien sûr, ce même Hamas se cache dans la population et l’empêche d’évacuer, comme le veut l’armée israélienne ; et de toute façon, on ne peut demander un cessez-le-feu à Israël plus qu’on aurait pu le demander aux Etats-Unis bombardant Dresde ou Berlin pendant la Deuxième guerre mondiale. Il n’en reste pas moins que le sang coule à Gaza, et qu’Israël en porte une lourde responsabilité.
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Non à cause d’une abominable politique « d’extrême droite » dénoncée par la gauche hystériquement antisioniste (quand elle n’est pas antisémite), mais bien au contraire pour s’être gauchisé, pacifisé, wokisé même. Quelles que soient les déficiences de l’armée ou du gouvernement israéliens, la question demeure : comment est-il possible que des jeunes aient été autorisés à faire une rave-party à quelques kilomètres de ceux qui ne rêvent que de pogroms ? Comment se fait-il que ces centaines de festivaliers n’étaient pas armés ? Comme le dit Trump, les terroristes du Bataclan auraient été bien reçus si la France laissait chacun porter une arme. À plus forte raison est-ce vrai dans un pays cerné par des terroristes. Quand le 24 octobre, lors de sa conférence de presse aux côtés d’Emmanuel Macron, Benyamin Netanyahou explique qu’Israël et le Hamas, c’est comme l’État islamique à vingt minutes de Paris, que nous dit-il au fond, sinon que son peuple a versé dans une insouciance coupable ?
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Coupable, oui coupable de s’être ramolli. Le ramollissement est une grande tare de nos sociétés, et la gauche postmoderne pétrie d’idéaux débilitants son étendard. Le ramollissement, c’est la mort d’Israéliens dans les pires actes de barbarie que les Juifs aient connus depuis Hitler. Mais cette fois les Juifs avaient des armes. Ils ont préféré danser. Ce n’est pas seulement de leur propre vie qu’ils étaient responsables, mais aussi de celle des Gazaouis bombardés dans un raffermissement bien tardif. La responsabilité d’Israël, vis-à-vis de sa population comme de celle de Gaza, était que le Hamas ne puisse pas attenter ainsi à sa sécurité. Ce n’est pas qu’une faillite tactique, c’est une faute morale.
Depuis les attentats du 7 octobre, les Israéliens en prennent enfin conscience : beaucoup ont demandé un port d’arme et le gouvernement a assoupli les règles en la matière. Que cela serve de leçon au passage à l’Occident, pourri par la féminisation, le pacifisme et la gauche : la guerre est l’état naturel de l’homme dans un monde aux ressources finies. Pire : un monde où toute sorte d’idéologies totalitaires veulent régner sur les âmes. Si tu veux la paix, commence déjà par tenir ta frontière.
Mayeul Tur est l’auteur de Pute finale (Editions Sans Pitié, 2023).
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