La lingerie française fait fantasmer les femmes de tous les pays du monde, moins leurs couturières. Vendredi, « Les Atelières » déposera le bilan après avoir tenté, pendant plus d’un an, de tenir le pari d’une corseterie haut de gamme 100% française. Les anciennes salariées de Lejaby, déjà sauvées en 2012 par la création de cette nouvelle enseigne « Les Atelières », ont bien du mal à croire en leur avenir. Difficile de suivre le mot d’ordre donné par le ministre à la marinière ? Les couturières ne sont pas les seules à l’affirmer. La production française n’arrive pas à affronter la concurrence étrangère.
« Les Atelières » dénoncent les banques, qui ont refusé de soutenir ce projet. « Dans notre pays, elles sont plus fortes que la République » s’exaspère l’une des fondatrices, Murielle Pernin.
Mais les dessous féminins n’ont pas le monopole de la difficulté ! Le viril « slip français », qui a pourtant le vent en poupe, est lui aussi tendu comme un string, côté finance. Le jeune directeur de l’entreprise avoue « contourner le droit » afin de s’en sortir. Il cumule les stagiaires et les contrats pro pour éviter des « charges qui pèsent le double de ce que reçoit le salarié ». « C’est tout simplement impossible autrement », conclut-il.
On est loin de l’imaginaire romantique et sensuel qu’évoque, ailleurs, une lingerie au nom français. En Russie, quand les clientes touchent le soyeux linge au drapeau tricolore, elles entendent, rougissantes, une voix mystérieuse leur susurrer des mots interdits. L’origine hexagonale est un gage de qualité enrobé d’une promesse de délice. Les marques locales l’ont si bien compris qu’elles donnent des noms français à leurs séries. La simple sonorité « à la française » transporte dans le secret de l’intimité. « Coquette » « Je suis », « Elle », « Mâtine » , sans oublier l’inassouvie « Encore »… sont autant d’invitations au plaisir menottées aux cintres de Moscou et d’ailleurs.
« L’amour-toujours » ? Hélas, le rêve s’arrête au paillasson de nos frontières. En France, la lingerie est déchirée; pour de mauvaises raisons. Elle illustre le souffle court de l’artisanat français alors qu’elle promet des essoufflements plus heureux.
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