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La Lettre aux Français de Macron: comme une bouteille à la mer…

Le billet politique d’Ivan Rioufol


La Lettre aux Français de Macron: comme une bouteille à la mer…
La députée RN sortante Caroline Parmentier en campagne pour les prochaines élections législatives à Neuve-Chapelle (62), le 22 juin 2024. DR.

Toute une France humiliée est actuellement portée par le vent de l’histoire, estime notre chroniqueur, qui prévoit qu’elle n’a pas fini de se faire entendre…


Bis repetita : la colère française, que j’annonçais sans grand risque de me tromper dans les européennes du 9 juin, mettra à nouveau les points sur les i, ce dimanche. Et encore le 7 juillet, pour le second tour des législatives. La raison en est simple : les Français excédés ont de la suite dans les idées. 

Le président et les « cloportes »

Les intimidations morales des médias ne fonctionnent plus. D’autant que la « gauche divine » des années 80 a muté en un Front de la honte mêlant des courants sectaires, violents, antisémites, anti-Français. Le parti présidentiel risque de laisser d’autres plumes, singulièrement face au bloc national RN-Ciotti. « Je ne suis pas aveugle », assure Emmanuel Macron dans une Lettre aux Français diffusée dimanche. En réalité, son narcissisme le détourne des réalités. Il se persuade encore de pouvoir susciter le « sursaut » autour de sa personne. Les historiens auront d’ailleurs à se pencher sur son cercle si médiocre (« des cloportes », a dit Bruno le Maire) qui, dit-on, l’a encouragé à dissoudre l’Assemblée dès l’échec du 9 juin pour son camp. 

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Le chef de l’Etat va, très probablement, perdre dimanche de n’avoir su admettre, depuis la révolte des gilets jaunes, que le pays fâché lui échappe et que la démocratie n’est pas la tyrannie des minorités mais l’expression du plus grand nombre. Cette déconnexion, souvent dénoncée ici, explique la crise politique que Macron a accélérée par dépit, à la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Le pire qui pourrait advenir serait, en cas de large victoire de Jordan Bardella, de voir la gauche insurrectionnelle, soutenue par des sociaux-démocrates à la ramasse, contester la démocratie dans une guerre des rues.

Face à une hégémonie perdue, chacun joue sa petite musique

Le vent de l’histoire a quitté le camp du Bien. Il paie d’avoir trop longtemps méprisé les gens ordinaires au nom de ses utopies. Gérald Darmanin, ce lundi sur RTL, a rappelé sa sympathie pour « le bon peuple ». Mais, pour la macronie, il est trop tard pour s’amender auprès de lui. La dynamique porte la droite pragmatique et ses anciens parias. « Une vogue philosophique s’impose comme une vogue gastronomique : on ne réfute pas plus une idée qu’une sauce », remarquait Cioran. De fait, les alertes du système unanime sur le retour d’une « extrême droite » qui porterait la moustache d’Hitler sont pathétiques. Ces peurs agitées ne sont plus comprises, majoritairement, que comme un procédé de la gauche paniquée pour tenter de sauver un peu de son hégémonie perdue.

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Le doute s’est d’ailleurs installé dans les rangs des plus lucides des « progressistes ». Samedi, sur LCI, l’acteur-réalisateur de gauche Mathieu Kassovitz a dérogé à l’esprit moutonnier de son camp en déclarant que le RN avait « peut-être sa place en France » et que « c’est peut-être une expérience à essayer ». Le 15 juin, dans Libération, Ariane Mnouchkine, créatrice du Théâtre du Soleil, a notamment reconnu, au nom de la gauche culturelle : « On a lâché le peuple (…) Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient (…) Puis comme ils insistaient on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis (…) on les a traités de salauds. On a insulté un gros tiers de la France par manque d’imagination (…) »

C’est cette France humiliée, que la gauche persiste à traiter de fasciste alors qu’elle-même s’abîme dans l’intolérance, qui va encore faire parler d’elle dimanche. Ce n’est pas fini.

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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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