Face à la barbarie islamiste, les alertes ayant été nombreuses, le ras-le-bol de la politique de la bougie et le désir de mesures fortes pour sauver la France vont grandissant. En leur absence, une décennie noire pourrait débuter.
Allez, c’est reparti pour un tour : « sidération », bougies, proclamations, « bouleversantes » chansonnettes, « tous unis contre la barbarie », manif à Répu, union-sacrée, vous-n’aurez-pas-ma-haine, fleurs, l’imam Chalghoumi, « mesures fortes », peluches, « radicalisation », les-valeurs-de-la-République, l’immense-majorité-des-musulmans, la « résistance » sur Twitter et Facebook, la-guerre-contre-le-terrorisme. C’est reparti et, comme d’habitude, dans quelques jours, on n’en parlera plus. Jusqu’à la prochaine « sidération », les prochaines bougies, etc. Il faut croire que les Français ont pris le pli ; depuis Merah, deux-cent-soixante-sept kouffars sont morts sous les coups de l’islamisme. Mais les pouvoirs publics en sont encore à se demander s’il serait bien convenable d’expulser des étrangers en situation irrégulière qui prônent le djihad…
Le rapport Obin date de… 2004
Cette fois, c’était un professeur d’histoire-géographie. L’autre jour, un Tchétchène de dix-huit ans l’a saigné en pleine rue, et a ensuite exhibé sa tête sur les réseaux sociaux. Il s’appelait Samuel Paty, il avait quarante-sept ans, un enfant de cinq ans. Le 5 octobre, il avait soumis deux de ses classes à la liberté d’expression. Nous connaissons la suite, du moins dans les grandes lignes. On sait déjà que l’institution était « gênée » ; on sait que des « gamins » ont aidé l’assassin à le trouver. Cet engrenage « sidère », paraît-il. Moi, il ne m’étonne en rien.
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Les Territoires perdus de la République ont presque vingt ans. Le rapport Obin date de 2004, année de la loi contre le voile à l’école qui devait – dans l’esprit du législateur – clore l’affaire ouverte à Creil en 1989. Nombreux furent, dès le début des années 2000, les « réactionnaires » qui annoncèrent ce qui allait se produire. Dantec, Camus, Finkielkraut l’annonçaient. Il y eut Robert Redeker. Mais non, affirmait le camp du Bien, il n’y avait « aucun problème » avec l’islam. C’était même, ajoutaient les intellectuels organiques, en « stigmatisant » les musulmans que l’on risquait de rater le superbe train du multiculturalisme. Les historiens Olivier Pétré-Grenouilleau et Sylvain Gouguenheim devaient se taire ; Christiane Taubira expliquait qu’il ne fallait pas parler des traites interafricaines afin de donner une image positive de l’Afrique à ceux qui arrivaient ici par peuples entiers du fait de lois scélérates. Certes, pour savoir ce qui se passait quand on ne vivait pas avec la « diversité », il fallait être curieux, ne pas se payer de mots et de bons sentiments, ne pas être de ces « citoyens du monde » pour qui la France n’est qu’une réalité géographique et fiscale. Les alertes n’ont pas manqué.
Ce sont les responsables du désastre qui prétendent le conjurer
Aujourd’hui même la gauche officielle défile. Les principaux responsables du désastre prétendent le conjurer. Ces gens n’ont honte de rien. C’est à se taper la tête contre les murs, non ? Et vous croyez vraiment que ces gus peuvent nous protéger des barbus ? Une fois « l’émotion » passée, ils vous vendront encore plus de « vivrensemble » – ils ont déjà commencé. Certes, les conséquences, ça, je crois qu’ils ont enfin un peu capté. Mais les causes…
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J’avais une amie psychologue qui travaillait dans un centre pour réfugiés. Bien sûr, elle était de gauche. Elle s’occupait de « mineurs isolés » venus, pour l’essentiel, du Pakistan. Un jour, impavide, elle me racontait qu’elle devait « expliquer » aux jeunes hommes que non, ce n’était « pas bien » de vouloir brûler une « sœur » parce qu’elle flirtait avec un « mécréant ». On fait quoi avec ça ? Des sorties poney ? L’ironie suprême de la chose, c’est que mon amie était Yougoslave, qu’elle avait vécu les deux guerres, et qu’elle les attribuait fort justement en premier lieu à la volonté de ne pas du tout « vivrensemble » des Bosniens et des Kosovars. L’expérience lui prouvait donc que l’islam ne manifestait pas une « altérité » folle. Elle pensait d’ailleurs que la France risquait le même sort, mais elle restait de gauche : ses « valeurs » lui importaient bien plus que le destin de son pays – d’adoption, en l’occurrence. Partout, depuis l’hégire, les non-musulmans sont, en terre d’islam, au mieux, des citoyens de seconde zone. Le Coran le dit : la communauté des croyants est supérieure aux autres. D’obscurs imams formés dans un kebab, des politiciens sots ou calculateurs, des journalistes jamais revenus de leurs vacances dans un riad de Marrakech peuvent le nier, la lettre est têtue – et pour un musulman conséquent, la lettre est tout.
Désarmés, au propre comme au figuré
Le progressisme refuse catégoriquement de considérer les cultures pour ce qu’elles sont ; plein d’orgueil, il croit que tous les hommes ont envie de le rejoindre. Il a fait et continue de faire preuve vis-à-vis de l’islamisme qu’une légèreté criminelle. Du reste, si les flots d’immigrés – pour la plupart musulmans – qui pénètrent chaque année en Europe étaient faibles, peut-être pourrions-nous les assimiler. Mais c’est par centaines de milliers que, chaque année, nous accueillons des individus qui, majoritairement, ignorent tout voire méprisent notre histoire, notre culture, nos coutumes et nos mœurs. Qu’est-ce qu’une femme en mini-jupe pour un paysan soudanais ? Qu’est-ce que la laïcité pour un clandestin afghan ? Qu’est-ce que la liberté d’expression pour un réfugié tchétchène ?
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Le pouvoir macroniste pourra prendre les « mesures » les plus « fermes » – et je ne crois pas un seul instant qu’il le fera –, il devra du reste affronter un autre pouvoir qui, depuis trop longtemps, s’occupe de ce qui ne le regarde pas : la justice. C’est la magistrature française qui, par l’intermédiaire du GISTI, a défendu victorieusement le regroupement familial ; c’est le Conseil d’État qui a consacré le délirant « droit de mener une vie familiale normale ». Dominée intellectuellement par le trotskyste Syndicat de la magistrature, cette dernière s’émeut à chaque fois qu’un ministre évoque la possibilité de réviser le droit des étrangers. Par ailleurs, le droit communautaire va encore plus loin ; le juge européen consolide régulièrement le droit, pour quiconque, de venir s’installer dans l’UE. Plus généralement, c’est toute la machinerie européiste qui promeut l’immigration comme une nécessité et un devoir. En 2017, le commissaire Dimitris Avramopoulos, tout sauf un anar, déclarait : « Nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais arrêter l’immigration. Nous devons tous être prêts à accepter l’immigration, la mobilité et la diversité comme nouvelle norme et à adapter nos politiques en conséquence. C’est un impératif moral, mais aussi économique et social pour notre continent vieillissant. » Au fond, rien de nouveau sous le soleil : le gauchisme a toujours été l’idiot utile du capital.
Il conviendrait encore, bien sûr, de parler du « monde de la culture », de l’Université, des médias, des associations, de la loi Avia, de BLM, etc. Mais je dois faire court. Court comme le temps qu’il nous reste avant que la France ne sombre dans la guerre civile. À présent, chacun d’entre nous doit, comme le dirait le préfet Lallement, choisir son camp. Cela n’arrive pas qu’aux autres. Un jour, ce sera peut-être votre mère, votre fils, vous-même ; cela aura lieu dans la rue, le métro, au bureau, au restaurant… C’est parti, et ça va durer. Désarmés, au propre comme au figuré, nous pourrions être rentrés dans une décennie noire.
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