Épidémie de « micro-agressions » lors des stages des étudiants de l’École Nationale de la Magistrature.
Scandale à l’École nationale de la magistrature. À l’appui d’un questionnaire anonyme distribué à l’ensemble des étudiants et auquel ont répondu plus de la moitié d’entre eux, le très à gauche Syndicat de la magistrature (SM) dénonce d’inquiétants « comportements humiliants ou dégradants » lors des stages probatoires que chaque élève doit effectuer dans un tribunal, révèle Le Monde. Qu’on se rassure toutefois : seule une poignée de cas méritent d’être signalés à la police. Mais derrière les faits graves, il convient aussi de déplorer les innombrables micro-agressions du quotidien. Pensez, quantité d’étudiants se plaignent d’avoir été « évalués » par les magistrats qui les ont surveillés durant leurs quarante semaines d’immersion sur le terrain. Certains ont même eu l’impression d’avoir été « rabaissés », d’autres relatent carrément « un sentiment de solitude ». Pire, 62 % déclarent « avoir pleuré ». Glaçant, n’est-ce pas ?
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Trêve de plaisanterie. Des jeunes gens, certes brillants mais sans doute un peu trop protégés des réalités de la vie, ont donc découvert que la justice est un métier difficile, qu’elle s’accomplit dans des conditions matérielles compliquées, et parfois même en compagnie de collègues peu sympathiques. Allez savoir, peut-être que certains des « comportements humiliants et dégradants » recensés dans l’enquête sont imputables à des membres du SM, deuxième syndicat de la profession…
En tout cas, pour Kim Reuflet, sa présidente, pas question de se demander si les stagiaires ne méritent pas de temps en temps d’être un peu rudoyés. Au contraire, dit-elle, il faut que cesse la « complaisance » envers le discours d’un autre temps selon lequel « on est tous passés par là, ça fait partie du package, on n’en est pas morts ».
Bref, il est temps que l’hypersensibilité soit érigée en valeur cardinale dans l’administration judiciaire. Les tribunaux français ne donnent pourtant pas l’impression d’être peuplés de magistrats impitoyables et hautains. Il suffit de voir le nombre de décisions clémentes qui y sont rendues chaque jour. La prochaine génération de juges sera-t-elle encore plus laxiste ? Parions plutôt que, l’expérience venant, elle se permettra de se montrer à son tour sévère, mais juste, avec les stagiaires.