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La guerre lasse, vivement la retraite…

Il y a un an, l'Ukraine était envahie par la Russie. Hier, l'ONU a de nouveau réclamé un «retrait immédiat» des troupes russes


La guerre lasse, vivement la retraite…
Vélizy-Villacoublay, 9 février 2023 © Mohammed Badra/AP/SIPA

L’Ukraine se faisait envahir par l’armée russe il y a tout juste un an. Occupés à descendre dans la rue par milliers pour protester contre les deux années de labeur supplémentaire que leurs gouvernants leur demandent, ou à se délecter de l’affaire Palmade qui remplit les pages de leurs journaux, nombre de Français semblent indifférents aux menaces géopolitiques majeures qui pèsent sur eux.


Il est étrange de constater à quel point les mots viennent parfois se glisser à bon escient pour rapprocher des événements qui, à première vue, n’ont rien à voir entre eux.

Le téléspectateur s’ennuie

Depuis quelques semaines, l’information se focalise sur la retraite, le mot recouvrant deux sujets dont la mesure devrait souligner l’importance et établir entre eux une hiérarchie. Or, il n’en est rien. La guerre lasse. La retraite annoncée – mais provisoire – de l’armée russe sur le front de Kherson a laissé la place à un débat qui passionne les foules, jusqu’à notre jeunesse. Que l’idée de la guerre n’inquiète pas vraiment, semble-t-il, et qui reste fixée sur un autre combat : repousser de quelques mois l’âge auquel, dans une quarantaine d’années, ces jeunes gens en finiront enfin avec une vie professionnelle qui n’a pas encore commencé, dont ils n’ont pas la moindre idée, mais qu’ils savent déjà trop contraignante. Celle de se retrouver sous les drapeaux, ou sous les bombes, ne les effleure pas.

Nous avons certes l’arme atomique, une armée de métier, des réservistes. Mais cela met-il les autres à l’abri en cas de conflit ? La question ne se pose apparemment pas. L’équation géopolitique n’a pourtant jamais été aussi claire pour laisser entrevoir l’hypothèse, relativement probable, d’une nouvelle guerre mondiale. La tension monte, indubitablement. L’addition d’incidents diplomatiques, entre les États-Unis et la Chine notamment, présente une situation tout aussi inflammable qu’elle l’était en 1914 et en 1939. Mais le conflit s’est enlisé ; il ronronne et, fatalement, le téléspectateur s’ennuie.

La Nupes assure le spectacle à l’Assemblée

Les médias sont focalisés sur la rue, à compter les manifestants, plus nombreux il est vrai que les morts sur le front du Donbass. Le parlement ne semble pas non plus très concerné par un conflit dont notre président de la République vient de prendre le leadership européen dans son soutien armé à l’Ukraine, actant – unilatéralement – qu’il ne revendiquait pas le statut de cobelligérant. Autant dire que nous ne risquons rien.

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Et puis notre représentation nationale propose un spectacle autrement plus riche en scoops et en empoignades, assez grotesques, d’un hémicycle empli de députés dont un certain nombre est arrivé là par le jeu parfois burlesque du hasard et de la démocratie, et dont la sottise et la vulgarité n’ont rien à envier aux insanités déversées par monsieur tout-le-monde sur les réseaux sociaux.

Pierre Palmade, un spectacle des plus croustillants

Heureusement, on vient de s’apercevoir, grâce à Pierre Palmade, que les dealers dealant des consommateurs, la drogue faisait chez nous des ravages. Nous voilà lancés dans un feuilleton des plus croustillants. Avec cette habitude qu’a pris l’audiovisuel de faire intervenir des comiques dans tous les débats, le fou du roi est devenu plus important que le roi lui-même. Ce qui, lorsque le gant se retourne, fait de lui le plus méchant des méchants.

Au-delà de l’accident, certes tragique, dont l’humoriste s’est rendu responsable, nous allons avoir droit à l’étalage de ses turpitudes et de ses vices les plus intimes. Un témoignage inopiné, sur fond de pédophilie, pourrait même le salir davantage, ajoutant un glaçage sucré aux délices du lynchage médiatique. Nul doute que dans les jours qui viennent, les médias nous donneront l’occasion de visiter son inconscient, dans ses moindres replis. Sans doute l’avis autorisé de psys. Peut-être les mêmes que ceux qui sont déjà venus nous parler de Poutine.

Fellini l’avait pressenti dans la Dolce Vita, ce chef-d’œuvre du cinéma, qui montre en 1959 une Rome prospère et oisive. Le merveilleux Mastroianni y incarnait ce fameux personnage, Paparazzi (qui donnera d’ailleurs son nom à cette noble profession), errant dans un monde où tous les événements sont vus et vécus au même niveau par une société qui consomme l’information comme elle passe à table.

Tout ceci dans un monde qui ne prend plus au sérieux que les humoristes. Une question demeure : faut-il en rire ?



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est écrivain.

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