Les paris sont ouverts : la Grèce quittera-t-elle l’euro avant le 31 décembre ? Le bookmaker anglais William Hill propose une cote de 4 contre 6, ce qui correspond à un gain de quatre livres pour une mise de six livres si ce scénario se réalise. Il est beaucoup plus risqué, et par conséquent rémunérateur, de miser sur le maintien de la Grèce dans l’euro.
Les parieurs, et incidemment les politiques qui sont à leur manière des joueurs, auraient cependant intérêt à se souvenir que la Grèce a toujours été au bord de la faillite, dès sa création en 1832 comme État après sept années de guerre contre l’Empire ottoman où Byron joua avec panache le rôle de Bernard-Henri Lévy en Libye.
En 1854, dans son essai sur la Grèce, Edmond About écrivait : « La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance ». Placée sous le protectorat du roi bavarois Otton 1er, la Grèce sera considérée comme une propriété des Allemands. Déjà….
En 1897, après avoir récupéré la Crête dans une guerre ruineuse contre l’empire ottoman, la Grèce est à nouveau au bord de la banqueroute. Il lui faut trente millions d’urgence. Le directeur de l’agence Havas en Orient, Georges Vayssié, dans un rapport estime qu’une seule solution s’impose : créer des impôts et faire des économies : « La Grèce souffre d’elle-même, ajoute-t-il, elle se meurt de politique ». Un an plus tard, l’Europe renfloue la Grèce et la met sous tutelle….On attend d’elle qu’elle renonce à l’inconsistance de ses rêves et que, dressée à bonne école, elle apprenne enfin l’économie.
Rien de cela ne se produira et les Grecs, avec une constance qui force le respect, continueront à vivre comme ils ont toujours vécu : en pleine banqueroute. Ce qui devrait alerter les parieurs: il est peu probable que la Grèce abandonne l’euro et fort vraisemblable qu’elle se retrouve à la case départ : sous protectorat allemand. Évidemment, on peut aussi parier sur l’effondrement total de l’euro avant la fin de l’année : la cote est de 33 contre 1.
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