Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et l’annonce de l’organisation d’élections législatives, nos politiques se sont empressés, non de chercher des solutions aux problèmes actuels – très graves – des Français, mais de bricoler des alliances de fortune, de s’accuser entre eux de trahison et de faire des déclarations aussi grandiloquentes que vides. Tribune.
Au secours, Jeanne ! Au secours, Geneviève qui veillez sur Paris ! Ils sont devenus fous ! A peine la gifle donnée par le peuple, le président dissout l’Assemblée. Quelle violence ! Une semaine pour faire vos listes, moussaillons ! Panique à bord du navire. Sidération. Des Caciques de droite passent à l’ennemi de droite extrême. On crie à la haute trahison. Au nom de quoi ? De l’union des droites. Etonnant, non ? aurait dit Desproges. Revenons sur la folle journée du 12 juin.
Le mur était blanc, le visage, pâle. Difficile de ne pas voir que le capitaine, dos au mur, nous emmenait droit dedans. Le message était clair: le Titanic sombre et nous mourrons ensemble. Mais pas avant que j’aie fait tout imploser à droite. Le discours funèbre est à la hauteur. L’ennemi a été désigné — Charybde et Scylla, la clé du problème trouvée — les écrans pour les très jeunes. Et les médias de dire : le président a montré le cap.
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Après les coups d’éclat des transfuges, les injures ont fusé contre les traîtres munichois. Inspiré, Bellamy a dit : « Les forces du chaos menacent aujourd’hui la France ». Et tous d’invoquer l’ombre du Grand Charles. Alors, comme dans Les Perses d’Eschyle, où la reine Atossa invoque l’ombre de Darius, on a vu les revenants revenir. Wauquiez avec des propos forts : « Quand on sombre, on a au moins le désir de sombrer droit. On peut échouer mais dans la clarté. On le fait avec une colonne vertébrale ». Formidable, non ? Valérie Pécresse dénonce « des putschs à la petite semaine ». Xavier Bertrand, pompon du courage sur le béret, parle de ceux qui n’ont pas le sens de l’honneur ni du courage. De partout, c’est les LR outragés, humiliés, martyrisés. Ailleurs, c’est l’explosion. La gauche hurle à la mort. Et tous, après la déflagration, de reprendre leur marche dans un ordre convulsif.
Sans moi, le chaos, après moi, le déluge…
« Plus près de toi, mon Dieu ! Plus près de toi » chantait-on sur le Titanic avant qu’il sombre. En in et en off, on se lâche dans les médias. On se demande si ce que fait Macron est un coup de Trafalgar, de Jarnac ou un suicide en ligne. On murmure au château et à la Cour, dans les salons et à la ville que moins il parle, mieux c’est. Ou qu’on préférerait qu’il ne parle pas voire qu’il démissionne. « Moi, démissionner ! » a dit l’intéressé. Un capitaine sombre avec le bateau. Il vient de relire Machiavel et Shakespeare. Je veux amener le jeune Canterbury dans la chausse-trappe du pouvoir. Quelle « poloche », dit l’autre ! Et dire que ce « formidable bordel », pour reprendre Ionesco, c’est la faute au peuple, aux médias, aux écrans !
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Et la France dans tout ça ? Monsieur le président, Messieurs les élus, on en a assez ! Assez de vos discours d’estrade, de vos egos froissés, humiliés, martyrisés. De vos ambitions, vos coups tordus, vos cris d’orfraie. Des propos assassins et des baisers de la mort. De vos invocations au Grand Charles. De vos vaticinations performatives : sans moi, le chaos, après moi, le déluge. La France, déchirée de part en part, est à bout. Le niveau scolaire est effondré, la dette abyssale, l’immigration incontrôlable, certains n’ont pas de quoi vivre « dignement », puisque vous aimez tant le mot dignité. Arrêtez votre jeu de massacre ! Arrêtez les petits meurtres entre amis ! C’est pas Versailles, ici ! Ici, la violence quotidienne règne, les Français sont dressés les uns contre les autres, les couteaux sont sortis. Ne le voyez-vous pas ? C’est le désordre partout ! La France n’a plus aucune unité. Il n’y a plus personne pour apprendre à lire aux écoliers. Et, pendant ce temps, on scalpe et pleurniche sur les ondes et dans les médias. On fait des « alliances contre nature ». Les clowns d’hier remontent sur les estrades. Les Français en ont assez ! Jugez plutôt : A Bouc-Bel-Air, charmant petit village provençal, des mariages prévus pour la fin du mois ont été annulés pour cause de réquisition des salles de mairie. Pourquoi, je vous prie ? A cause des élections anticipées ! « Quelle indignité ! »
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