Accueil Société La France, pays des droits de l’homme ou pays des Français ?

La France, pays des droits de l’homme ou pays des Français ?

Il n’est pas trop tard pour éveiller les consciences assoupies


La France, pays des droits de l’homme ou pays des Français ?
Manifestation lors de la Journée internationale des migrants, Paris, le 4/12/2024. SIPA

Quand on qualifie la France de « pays des droits de l’homme », c’est souvent pour abolir implicitement la distinction entre citoyens et non-citoyens afin de priver les premiers de leurs droits. Aurélien Marq raconte son plus grand succès sur les réseaux sociaux, succès qui devrait susciter une prise de conscience générale.


« La France n’est pas le pays des droits de l’homme, mais le pays des Français. La France est une nation, pas une ONG. »

Ce qui m’apparaissait comme une affirmation de simple bon sens s’avère l’un de mes plus grands succès sur X/twitter. Ce post, écrit en commentaire d’une déclaration d’un élu LFI qui plaidait pour l’accueil inconditionnel et toujours plus généreux de toujours plus de migrants, atteint à ce jour plus de 5000 « likes », ce qui est considérable pour un compte comme le mien. Je n’en parle pas ici pour me vanter (même si ce succès est agréable) mais parce que l’engouement suscité par ce tweet m’interroge, et m’inspire autant d’espoir que d’inquiétude.

Pourquoi tant de gens ont-ils réagi à ce qui est – ou devrait-être – une banalité ? Justement parce que ce n’en est plus une. Ce qui est inquiétant, d’autant plus qu’à la réflexion je vois bien que le principe que j’ai rappelé n’est hélas plus qu’un vœu pieux, et que rien ne garantit qu’il redeviendra un jour une réalité. Mais aussi parce que beaucoup d’internautes ne sont manifestement pas dupes. Ce qui est réjouissant.

A lire aussi: Le procès Paty : Justice a-t-elle été rendue ?

Bien sûr, la France pays des Français peut être aussi le pays des droits de l’Homme, comme elle est le pays des châteaux de la Loire, le pays de Jeanne d’Arc, le pays de Ronsard, le pays de Cyrano, le pays des fromages et des bons vins. Mais ce n’est pas ainsi qu’on l’entend de nos jours. Appeler aujourd’hui la France « pays des droits de l’Homme », c’est d’abord oublier « et du Citoyen », alors que ce point est essentiel puisqu’il fonde aussi bien la Nation que la démocratie et la république. Mais il dérange : reconnaître des droits au Citoyen, c’est-à-dire aux citoyens, c’est en exclure les non-citoyens. Ces droits-là, ceux qui ne sont pas citoyens français doivent en demander des comptes à leurs pays respectifs, pas à la France. Distinction que rêvent d’abolir ceux qui voudraient détruire l’identité, qui est le fondement de la décence commune et donc la protection des plus fragiles. Cette identité, qui est ce dont parlait Marc Bloch disant de la France : « J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé », ajoutant qu’il fut « nourri de son héritage spirituel et de son histoire », pour conclure : « je meurs, comme j’ai vécu, en bon Français. » 

Effacer la distinction entre citoyens et non-citoyens, c’est supprimer la citoyenneté, c’est réduire la France à un territoire à administrer, temporairement occupé par des locataires de hasard, un hub d’aéroport à gérer, une zone d’activité. C’est donc déposséder le Peuple pour offrir le pays à des intérêts économiques. Ou bien, c’est accaparer le pays au profit d’un idéal militant, d’un fantasme d’ingénierie sociale, en faire le local d’une ONG dont les Français seraient les contributeurs captifs, mis de gré ou de force au service de la cause choisie par cette ONG – mais certainement pas par les citoyens – et au profit, bien sûr, des idéologues, des gardiens du dogme, des militants, des relais et des clientèles de l’ONG en question. Ah, les milliards d’euros pris aux contribuables et versés aux associations, à la politique de la ville, à l’audiovisuel public partisan…

A lire aussi: Le Pape, la Corse et des tartufferies sur la laïcité

Comme d’autres peuples, le Peuple Français prend douloureusement conscience qu’il a été petit à petit privé du droit de disposer de lui-même. Tenter de justifier cette dépossession par les droits de l’Homme est absurde. Parce qu’il a pris conscience d’une vérité universelle, et qu’il l’a proclamée pour que le reste du monde puisse la faire sienne, la Peuple français n’aurait plus droit à une patrie ? Son passé l’oblige, certes, mais ne l’oblige certainement pas à se nier, se dissoudre, s’abolir ! Le « cercle de la Raison » tente de disqualifier ce constat en parlant de « populisme », et affirme sans rire que la vraie démocratie, la démocratie républicaine, c’est quand peu importe la volonté du peuple, à la fin c’est toujours Laurent Fabius qui décide. 

Mais le déni ne tient plus face à la pression, hélas souvent tragique, du réel. Car le bilan du « cercle de la Raison », au pouvoir depuis plus de 40 ans, c’est qu’il nous faut désormais mettre des plots en béton à l’entrée des marchés de Noël, placer des gardes armés devant les églises pour la messe de minuit, bunkeriser les synagogues, et mobiliser 100.000 policiers et gendarmes pour le Nouvel An. Sans oublier le surendettement de l’état (en réalité, la vente du pays à la découpe), l’effondrement du niveau scolaire, le délitement de l’hôpital public, une fiscalité devenue folle, et le projet de faire réaliser de nouveaux vitraux pour Notre-Dame par une artiste qui glorifiait Assa Traoré. Étrange «raison», en vérité. Et tout le monde le sait, même si tout le monde n’ose pas se l’avouer… pour le moment.

Il n’est pas trop tard pour éveiller les consciences assoupies, raviver le courage de voir ce que l’on voir, et déculpabiliser la lucidité.

A paraître en janvier 2025.


Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent « Bird », film social anglais frelaté
Article suivant Les vœux du commentateur
Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération