Les Français jalousent la réussite des uns, convoitent la fortune des autres et dénoncent les petits privilèges qui leur échappent. Ces envieux n’attribuent pas le succès au mérite mais à la chance, voire à l’injustice du système social. Ce qui légitime la haine des riches.
Pourquoi cette animosité envers les riches?
Les Français ont-ils une mauvaise opinion des riches ? Une succession régulière de sondages et d’interventions d’experts dans les médias vont dans ce sens. Et dans l’opinion publique française cette hostilité envers les plus aisés s’accompagne d’une réticence à l’égard de l’économie de marché. Une comparaison est souvent faite avec les « Anglo-Saxons » qui, en adorateurs de Mammon, prôneraient un libéralisme « sauvage » et feraient passer les profits avant les principes moraux. Pour expliquer la pudeur des Français à l’égard de la richesse, on cite l’influence catholique dont la France – aujourd’hui pays laïque – serait encore imprégnée. L’explication est étayée par quelque citation de saint Thomas d’Aquin contre la pratique de l’usure ou une référence à L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme de Max Weber. Mais cette œuvre a fait l’objet des critiques, entre autres, de Fernand Braudel. Car le capitalisme a commencé en Italie, pays catholique, et dès avant la Réforme. Et si la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, protestants, ont lancé une nouvelle phase de capitalisme commercial,
