Deux films d’épouvante à voir en attendant le vaccin. Quand les nanars disent la vérité…
Si la pandémie de Covid-19 était un film, ce serait un navet confus, plus grotesque qu’effrayant. Ridicule sans être drôle: le contraire d’un excellent nanar. L’automne arrive; le virus est encore là. C’est l’occasion de (re)découvrir deux classiques d’épouvante comique: La Fiancée de Re-Animator (Brian Yuzna, 1990) et Braindead (Peter Jackson, 1992). Scientifiques aux compétences douteuses, créatures exotiques contagieuses, zombification de masse: toute ressemblance avec la réalité est à peine exagérée.
Réanimer n’est pas toujours une bonne idée
Réanimer ou ne pas réanimer? Telle est la question centrale de La Fiancée de Re-Animator, deuxième volet des aventures alambiquées des Docteurs Herbert West (Jeffrey Combs) et Dan Cain (Bruce Abbott). Le Dr West teste son « sérum de réanimation » sur des morceaux de cadavres, générant des créatures dignes du Guernica de Picasso, en vue d’un ambitieux projet: reconstituer et ressusciter feu Meg, la fiancée de Dan, pour en faire la femme parfaite. Mais Dan ne semble que peu enthousiasmé, ayant rencontré Francesca, une jolie journaliste aussi bébête que lui. Le retour d’un méchant (une tête coupée) et de son armée de zombies va compliquer les choses.
La Fiancée de Re-Animator présente de nombreuses qualités. Les zombies, d’une laideur parfaite, sont particulièrement réussis. Surtout, non content de confirmer que les ambitions du Dr Frankenstein comme du Pygmalion sont vouées à l’échec, ce film a le mérite de montrer que la réanimation n’est pas toujours une bonne idée.
Un cluster de zombies
Braindead a pour cadre la Nouvelle-Zélande natale de Peter Jackson (célèbre pour son Seigneur des Anneaux). Ici, la genèse du mal est le singe-rat: une affreuse bête porteuse d’une malédiction ancestrale qui change ses victimes en zombies voraces (ce qui n’est hélas pas le cas de la chauve-souris ou du pangolin).
Lionel Cosgrove (Timothy Balme), un jeune homme empoté mais attendrissant, vit avec sa mère tyrannique (Elizabeth Moody). Son idylle naissante avec Paquita (Diana Peñalver) est contrariée lorsque la marâtre, mordue par le singe-rat, amorce une série de contaminations qui fait de la ville un cluster de zombies. Résolument gore, Braindead reste étonnamment supportable, la surenchère émoussant les sensibilités. L’accent néo-zélandais et l’esthétique rétro apportent le supplément de charme pour savourer son plateau-télé sans perdre l’appétit.
Une invincible ambiguïté
Si Re-Animator et Braindead semblent pauvres en psychologie, ce n’est peut-être qu’une apparence. Est-ce l’absence d’amour qui pousse le Dr West à dégainer sa seringue à tout bout de champ? Lionel résoudra-t-il son complexe d’Œdipe en tuant sa mère? Mais ce ne sont là que des suppositions. Car un nanar fascine par son invincible ambiguïté. Sincère navet ou chef-d’œuvre pince-sans-rire? Au spectateur de décider. Ces deux films sont peut-être des monuments de mauvais goût, ils n’auront jamais celui de nous expliquer quoi en penser.
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