C’est un scandale qui a eu pour effet de replacer temporairement la Somalie au centre de l’actualité…
Fin juillet, la prestation de sa coureuse aux Universiades d’été, organisées en Chine, a été remarquée et largement commentée sur les réseaux sociaux (voir notre vidéo ci-dessous). Nasra Abubakar Ali a mis presque deux fois plus de temps pour achever cette course de 100 mètres que le vainqueur lui-même. Soit 21 secondes et 81 centièmes. Hésitante sur le départ, semblant hagarde, elle a été rapidement distancée par les autres concurrentes, suscitant indignation générale et moqueries dans son pays de naissance. Une piètre performance qui a déclenché l’ire du gouvernement somalien. Une enquête ordonnée par le ministère de la Jeunesse et des Sports a rapidement révélé la supercherie et démontré que cette sprinteuse n’avait rien d’une sportive professionnelle.
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La présidente de la Fédération somalienne d’athlétisme (FSA), Khadijo Aden Dahir, a été immédiatement mise à pied, accusée « d’abus de pouvoir, de népotisme, et d’avoir sali le nom de la nation sur la scène internationale », comme l’indique le communiqué officiel de presse publié par la FSA sur Twitter (X). Si on ignore le lien entre la coureuse et Khadijo Aden Dahir, des poursuites pourraient être également engagées contre la mystérieuse association sportive universitaire somalienne avec laquelle Nasra Abubakar Ali a pu s’enregistrer si facilement pour cette épreuve… Le ministre Mohamed Barre Mohamud a confirmé que cette association n’avait pas d’existence légale dans le pays. « Ce qui s’est produit n’est pas représentatif du peuple somalien », a déclaré le gouvernement de Mogadiscio. Pour sa défense, Nasra Abubakar Ali a plaidé une entorse (qui ne l’a pas empêchée de sautiller de joie à l’arrivée…) et évoqué un complot organisé contre la dirigeante de la FSA – dont « le cas sera présenté à la prochaine réunion du comité national olympique somalien pour de nouvelles sanctions » a assuré Abdullahi Ahmed Tarabi, le président de ce comité… Pays en guerre civile depuis le début des années 1990, en proie à une insurrection islamiste, sans réel État, la Somalie figure bonne dernière sur les 180 nations recensées, comme étant la plus corrompue par l’ONG Transparency International.