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La faiblesse d’Antonio Guterres

Le Secrétaire général de l’ONU a été déclaré persona non grata par Israël le 2 octobre


La faiblesse d’Antonio Guterres
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, au poste-frontière de Rafah entre l'Égypte et la bande de Gaza, 23 mars 2024 © AP Photo/Amr Nabil/SIPA

Le secrétaire général des Nations unies manifeste depuis des années une préférence déroutante pour le monde musulman et une hostilité constante, voire douteuse, à l’endroit d’Israël. Itinéraire d’un Occidental redoutablement conformiste.


La Journée internationale de lutte contre l’islamophobie est l’une des fiertés d’Antonio Guterres. Programmée le 15 mars de chaque année, elle est le fruit d’un ambitieux programme antiraciste, baptisé « Stratégie et plan d’action pour la lutte contre les discours de haine », dont le secrétaire général de l’ONU a conçu le projet il y a cinq ans.

La date du 15 mars n’a pas été choisie au hasard. Elle marque l’anniversaire de l’attentat de Christchurch, cette tuerie commise en 2019 par un Australien d’extrême droite, Brenton Tarrant qui, armé de plusieurs fusils d’assaut, a assassiné ce jour-là 51 musulmans dans deux mosquées de la deuxième ville néo-zélandaise.

Autocensure

La première Journée internationale de lutte contre l’islamophobie a été célébrée le 15 mars 2022. Comme toujours en pareille circonstance, l’Assemblée générale de l’ONU a salué l’avènement en votant une résolution solennelle. Dans ce texte, référencé 75/187, on peut lire une phrase pour le moins inquiétante, qui a été rajoutée à la demande de la République islamique du Pakistan avec l’assentiment de Guterres : « Le terrorisme et l’extrémisme pouvant conduire au terrorisme ne peuvent ni ne doivent être associés à aucune religion, nationalité ou civilisation ni à aucun groupe ethnique. »

Voilà donc comment on prie à l’ONU. Car c’est bien d’une prière qu’il s’agit. D’une croyance absurde selon laquelle le mal se conjure en niant ce qui l’inspire. Prière de se taire sur les rapports entre terrorisme et islam. D’ignorer que le mot « Hamas » est l’acronyme de « Harakat al-Muqawma al-Islemiyya » (Mouvement de résistance islamique). Que Boko Haram se présente comme un « groupe sunnite pour la prédication ». Que le Hezbollah est littéralement le « parti d’Allah ».

Rappeler la nationalité allemande d’Adolf Hitler attise-t-il la germanophobie ? Préciser la nature catholique de l’Inquisition fait-il le lit de la christianophobie ? Antonio Guterres mesure-t-il combien l’idée de protéger les musulmans par l’autocensure revient en réalité à les traiter comme des enfants, c’est-à-dire comme d’éternels colonisés ? Comprend-il qu’il n’y a rien de haineux à établir un lien entre un attentat djihadiste et la religion de ses auteurs, surtout s’ils la brandissent en étendard ?

Il n’est un mystère pour personne que le secrétaire général de l’ONU, en poste depuis bientôt huit ans, nourrit une grande affection pour la religion musulmane. Ainsi, le 2 avril 2019, quelques jours après Christchurch, ce catholique, qui s’est notamment distingué par le passé en prenant position contre l’IVG, se rendait à la mosquée Al-Azhar, au Caire, pour saluer « le saint Coran » – tel qu’il l’appelle – et remercier l’islam de professer selon lui « la plus belle prescription de protection des réfugiés de l’histoire du monde ».

Eaux troubles

Comment expliquer une telle déférence ? Tous les diplomates que nous avons interrogés formulent peu ou prou la même hypothèse : à force de baigner depuis près de deux décennies dans le bain des Nations unies – avant d’être élu secrétaire général, l’ancien Premier ministre portugais a été pendant dix ans haut-commissaire pour les réfugiés –, Guterres a fini par adopter la doxa onusienne, elle-même sous l’influence du wokisme ambiant à New York, mais aussi de la puissante propagande de l’Organisation de la conférence islamique (OCI, regroupant 57 pays musulmans), véritable État dans l’État aux Nations unies, où elle est officiellement reconnue comme « deuxième plus grande organisation internationale après l’ONU ».

Dans ces conditions, personne ne s’est étonné lorsque, l’année dernière, le Portugais a fustigé, à mots couverts, la circulaire d’interdiction de l’abaya à l’école prise par Gabriel Attal. Il avait notamment glissé lors d’un discours : « Dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu’elles portent trop de vêtements. Dans d’autres, parce qu’elles n’en portent pas assez. » Nulle surprise non plus quand, en novembre 2023, on apprit que Guterres n’avait émis aucune objection à ce que le forum social du Conseil des droits de l’homme, un événement annuel organisé au palais des Nations à Genève, soit présidé, pour l’édition 2023, par… la République islamique d’Iran.

Mais c’est surtout dans sa manière de traiter Israël que transparaît le mieux sa faiblesse coupable. Ainsi, s’il a bien condamné les attaques du 7-Octobre, le secrétaire général de l’ONU a jugé utile de tempérer aussitôt ses critiques en accordant quelques circonstances atténuantes aux terroristes.

Le 24 octobre 2023, lors d’une réunion au Conseil de sécurité, Guterres déclarait : « Nous devons également réaliser que les attaques du Hamas ne sont pas sorties de nulle part. Le peuple palestinien a été soumis à cinquante-six ans d’occupation étouffante, et il est témoin de la violence et de la saisie progressive de ses terres par les colonies. Son économie a été détruite, il a été déplacé, ses maisons ont été démolies. Ses espoirs d’une solution politique se sont évanouis. »

Aux Nations unies, certains disent ces choses encore plus clairement. Par exemple, Francesca Albanese, rapporteuse spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens, dont les tweets ne laissent aucun doute sur ses faveurs dans le conflit en cours. Ainsi le 10 février, l’Italienne prétendait sur X que « les victimes du 7/10 n’ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction à l’oppression d’Israël ». Et le 10 août, toujours sur X, elle écrivait que Gaza est « le plus grand et le plus honteux camp de concentration du xxie siècle ».

Il est loin le temps où le secrétaire général de l’ONU reconnaissait, devant le Congrès juif mondial : « La forme moderne de l’antisémitisme est de nier l’existence de l’État d’Israël » (23 avril 2017). Le 21 août dernier, quand il inaugure la Journée internationale d’hommage aux victimes du terrorisme, aucune mention n’est faite au 7-Octobre, ni dans l’exposition organisée au siège de l’ONU, ni dans le film projeté pour l’occasion.

Depuis que Guterres est en poste, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une centaine de résolutions condamnant Israël. Soit au moins autant que pour tous les autres pays réunis ! L’État hébreu a sans doute bien des choses à se reprocher. Mais qui peut s’imaginer qu’à lui tout seul, avec moins de 0,2 % de la population mondiale, il puisse représenter la moitié des turpitudes de la planète ? Guterres visiblement…

Le 12 juin dernier, lors d’un point de presse à Genève, le secrétaire général de l’ONU s’exprimait en ces termes sur la guerre à Gaza : « Nous avons été témoins et nous sommes parfaitement conscients de ce qui était un niveau unique de destruction et un niveau unique de victimes dans la population palestinienne pendant ces mois de guerre qui n’a pas de précédent dans aucune autre situation que j’ai vécue en tant que secrétaire général des Nations unies. » Curieuse hiérarchie. C’est sous son mandat qu’a débuté, il y a quatre ans, la guerre du Tigré en Éthiopie. Selon la BBC, entre 2020 et 2022, ce conflit a causé 800 000 morts. Il est vrai qu’ils n’ont pas été tués par des Israéliens.

Novembre 2024 - Causeur #128

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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