La politique de M. Pap Ndiaye devrait renforcer les dogmes woke ou écologistes à l’Éducation nationale…
Dans la grande garderie sociale qu’est devenue l’école, à côté du baccalauréat et valant bientôt plus qu’un diplôme, de nouveaux concours voient le jour dans l’Éducation nationale.
« Depuis la rentrée 2020, l’élection d’élèves éco-délégués est obligatoire dans chaque classe de collège et de lycée, et recommandée pour les CM1-CM2 », peut-on lire sur le site de l’Éducation nationale. Celle-ci vient de décerner le “Prix de l’action éco-déléguée” de l’année. Ce concours participe à « l’éducation au développement durable ». Les projets présentés par chaque établissement doivent suivre un cahier des charges qui combine « projet global » et « approche collective » ainsi que le croisement « d’au moins deux thèmes du développement durable, par exemple : lutte contre le gaspillage alimentaire et la solidarité, ou bien l’égalité fille garçon et la santé » (sic). Ainsi, nos élèves rendus incultes à cause d’une réduction drastique des heures de français et de mathématiques, sauront-ils au moins, grâce à l’implication de toute la « communauté éducative », « s’engager en faveur de la transition écologique ».
L’école du bien-être
Cette propagande écologiste, qui n’a rien à faire dans l’école, y a pourtant pignon sur rue depuis plusieurs années, et notre nouveau ministre de l’Éducation nationale ne semble pas disposé à ce que cela se passe autrement, bien au contraire. Après l’école de la confiance de Jean-Michel Blanquer, voici l’école engagée pour l’excellence, l’égalité et le bien-être de M. Pap Ndiaye (circulaire de rentrée 2022). Un dernier et long paragraphe intitulé “S’engager pour l’environnement et le développement durable ” annonce la couleur : « La formation des élèves sur ces thématiques n’apparaît pas suffisante […] Le Conseil supérieur des programmes doit donc engager une réflexion sur l’enseignement de l’éducation au développement durable, au-delà des travaux menés en 2020, afin d’en imprégner l’ensemble des disciplines » (C’est moi qui souligne). Le dressage égalitaire s’appuie sur deux piliers : ignorance et propagande. Les ministres successifs de l’Éducation nationale se sont ingéniés depuis quarante ans à consolider ces piliers, c’est-à-dire à fabriquer des crétins tout en leur inculquant des « valeurs républicaines » accolées aujourd’hui à une « ouverture à l’autre », une « solidarité inclusive » et une « éco-responsabilité » supposément supérieures à toutes les connaissances qu’on aura de toute manière omis de leur transmettre.
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Nous avons vu récemment les premiers résultats catastrophiques de cette écologie de bazar idéologique infusée à l’école : lors de la remise des diplômes d’AgroParisTech, huit étudiants, élevés dans la garderie sociale de l’Éducation nationale et brocolisés par le bourrage de crâne wokisto-écologiste anti-capitaliste, ont remis en cause leur institut et dénigré leurs potentiels futurs métiers d’ingénieurs agronomes qu’ils ont qualifiés de destructeurs. Ces jeunes gens gavés d’écologisme rousseauiste préfèrent, comme leur égérie Sandrine Rousseau, les femmes qui jettent des sorts aux hommes qui construisent des EPR. Ils ne croient ni à l’innovation, ni à la recherche scientifique : l’un d’eux est fier de nous apprendre qu’il végète dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, un deuxième s’enorgueillit de militer pour “Les soulèvements de la terre”, un collectif extrémiste composé, dit son site, de « jeunes révolté.es […] qui luttent contre la loi travail, les violences policières, le racisme, le sexisme et l’apocalypse climatique ». Tous s’apprêtent à suivre les mêmes chemins wokistes intersectionnellement pavés de progrès sociétaux, de décolonialisme et de décroissance radicale. Dans une tribune parue dans Le Figaro, des délégués de l’UNI et les étudiants de cette université ayant échappé au filet idéologique rappellent que ces jeunes gens ont coûté cher à l’État (25 000 euros par an et par étudiant) et ont pris la place d’autres qui auraient su profiter de leur formation d’excellence pour améliorer le sort des hommes en ne négligeant pas celui de la Terre. C’est pourtant sous les applaudissements que ces huit étudiants possiblement issus du croisement génétique de l’endive et d’Aymeric Caron ont pu faire des déclarations pseudo-marxistes et totalement conformes à la novlangue wokiste : pour combattre « l’ordre social dominant » et « refuser de servir le système », ils promeuvent une « écologie populaire, décoloniale et féministe » (triple sic). Après avoir fait la morale à leurs congénères et à leurs professeurs, les représentants de cette nouvelle espèce de cucurbitacées ont déclaré vouloir « bifurquer » et appelé tout un chacun à faire de même.
Le contrôle social gagne du terrain
Revenons à la circulaire de rentrée 2022 de Pap Ndiaye, car elle présage bien des « bifurcations » à venir. Après un court chapitre sur l’engagement pour « l’excellence et la maîtrise des savoirs fondamentaux », des consignes pour « une école engagée pour l’égalité et la mixité » et « le bien-être des élèves » font l’essentiel de cette missive. L’excellence précédemment citée ne sert que de paravent à l’objectif inavouable de l’Éducation nationale qui est de servir la soupe à toutes les idéologies égalitaristes et mortifères qui nuisent à la transmission des savoirs. L’école doit devenir « pleinement inclusive » avec des « aménagements de scolarité et d’examen » qui, n’en doutons pas, élèveront le niveau de tous. Dans le « cadre du parcours citoyen », des « équipes valeurs de la République » seront renforcées partout où cela est nécessaire. Il est également rappelé que « l’égalité entre les filles et les garçons est un impératif républicain » et que, par conséquent, il est « nécessaire de donner une réalité plus tangible et systématique à l’éducation à la sexualité vue comme l’apprentissage d’un comportement responsable dans le respect de soi et des autres ». La lutte contre les stéréotypes de genre reste naturellement une priorité, ainsi que celle contre le racisme. Bref, les disciplines à enseigner perdent de leur valeur au fur et à mesure que celles du contrôle social gagnent du terrain. Tout cela va dans le sens du dernier rapport du Conseil national de l’Éducation nationale qui considère que, si l’École a toujours vocation à transmettre des « compétences académiques fondamentales », l’accent doit désormais être mis sur « les aptitudes comportementales et les compétences sociales, incluant l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle, la coopération et la citoyenneté ». Nos élèves, éloignés des livres mais imprégnés de cette propagande progressiste et de ce pédagogisme social, peuvent-ils échapper à un affaiblissement de la raison pouvant aller jusqu’à la déraison totale ? L’épisode de nos étudiants agronomes donne un début de réponse.
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Sa Lettre aux professeurs ainsi que les premiers tweets de M. Pap Ndiaye après sa nomination mettent en exergue ses priorités : les savoirs fondamentaux sont supplantés par la « lutte contre les inégalités sociales », le « bien-être » des élèves, la question écologique. Le 25 juin, le ministre, après avoir tweeté pavloviennement en faveur d’une inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française, a souhaité une « joyeuse marche des fiertés à toutes celles et ceux qui défileront à Paris » et rappelé que l’Éducation nationale est « en première ligne pour la lutte contre les LGBTphobies ». Le 27 juin, il a fait part de son émotion après des échanges avec « des lycéennes et des lycéens engagés dans des actions de développement durable pour promouvoir l’éducation à l’écologie » qui sera « la priorité de l’Éducation nationale ». Hormis les encouragements obligés aux lycéens passant le bac, le compte Twitter de notre ministre affiche les slogans idéologiques que d’habiles lobbys ont distillés dans l’école, l’université et les médias, et qui éloignent irrémédiablement des véritables savoirs, de la connaissance et de la vérité.
Et maintenant, s’attaquer au dogme de la croissance
Après quinze ans de scolarité obligatoire dans « l’École de la République », émerge une toute nouvelle race d’étudiants complètement paumés faisant Polytechnique en doutant des progrès technologiques, brandissant à Sciences Po des banderoles contre « les fachos » tout en promouvant le hijab, faisant des études agronomiques pour finir dans le potager d’une ZAD – la majorité d’entre eux ont par ailleurs voté Mélenchon aux présidentielles et la Nupes aux législatives sans trop savoir pourquoi, attirés uniquement par les discours « contre le système » d’un révolutionnaire de salon, et ceux d’un mouvement hybride appelé à se dissoudre dans le marigot politicard.
Sans doute, l’ignorance encyclopédique et les idées courtes que semblent partager équitablement certains de nos étudiants avec les plus limités de nos représentants politiques ont-elles permis ce rapprochement, étrange au premier abord, mais au fond tout à fait logique. Sandrine Rousseau ne vient-elle pas de retweeter un communiqué de l’Association des professeurs de SES (Sciences Économiques et Sociales) qui s’inquiète que, dans les programmes scolaires, « les élèves ne [soient] pas invités à questionner le dogme de la croissance économique », et qui « a décidé d’initier un travail de refonte des programmes de SES, de la seconde à la terminale, en commençant par construire un chapitre sous le prisme de la bifurcation écologique (ah! ah!) qui s’impose à l’humanité ». Autant dire qu’à la croisée des idéologies, la voie (de garage) semble toute tracée pour certains.