La crise des dettes publiques continue à se propager. Jeudi dernier l’agence de notation Fitch a annoncé qu’un autre pays risque de voir la note de sa dette baisser d’un cran. Cette fois-ci, il ne s’agit pas des Etats-Unis, ni de la France, de l’Espagne, du Portugal ou de l’Irlande. Aussi bizarre que cela puisse paraître l’Etat concerné est la Chine ! Malgré un « matelas » national colossal, les analystes de Fitch sont inquiets pour la stabilité du système bancaire chinois et Pékin pourrait donc perdre son AA-. Chez Moody’s où le la dette chinoise est notée àA1, et S&P qui l’accorde A+, on observe pour le moment sans réagir.
Selon les analystes de Fitch, le problème se situe au niveau des régions et provinces chinoises : les gouvernements locaux s’y endettent lourdement pour financer des travaux publics de grand envergure sans toujours atteindre les objectifs fixés pour ces projets. Or, une grande partie de ces dettes sont contractées auprès d’organismes de crédit qui ne sont pas gérés selon les normes bancaires standard. Pour les victimes de la crise financière que nous sommes, cela peut paraitre plutôt comme une bonne chose – nos banques modernes et sophistiquées n’ont-elles pas frôlé la faillite pour être sauvées in extremis par les contribuables ? Sauf que l’autre extrémité – des apparatchiks accordant des prêts pour des projets bâclés sur des dossiers mal ficelés – est aussi dangereuse.
Le système chinois, fondé sur l’opacité et le rôle prépondérant des hommes de l’appareil dans la distribution du crédit, arrive – toujours selon Fitch – à ses limites. Corruption, lacunes juridiques et critères discutables pour l’attribution de prêts sont en train de créer une bombe financière à retardement. Selon Pékin, la dette cumulée des gouvernements locaux s’élève à 1200 milliards d’euros, soit 25% du PIB.
Pour faire face à ce problème, les banques chinoises ont trouvé une idée géniale : titriser la dette douteuse, l’emballer avec des dettes de meilleure qualité et puis refiler les paquets à d’autres institutions bancaires partout dans le monde ! Si ce machin vous rappelle la toute récente bulle des crédits immobiliers des États-Unis vous n’avez pas entièrement tort.
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