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La députée de gauche Sandrine Rousseau estime qu’il y a des limites à la caricature

Elle estime être une minorité victime de cyberharcèlement


La députée de gauche Sandrine Rousseau estime qu’il y a des limites à la caricature
Capture d'écran TMC

Elle estime être une minorité victime de cyberharcèlement


Interrogée avant hier dans l’émission « Quotidien » (TMC), Sandrine Rousseau a à nouveau démontré une absence d’autodérision et des tendances à la censure politique révélatrices de cette gauche inconsciente de certains penchants totalitaires.

Le contexte: moquée par le compte parodique Sardine Ruisseau, la militante écologiste a voulu le faire interdire. Mais comme ce compte ne contrevient à aucune loi, il a non seulement été rétabli mais a gagné dans l’aventure tant d’abonnés qu’il a depassé le nombre de personnes suivant le compte original. Une première sur Twitter ! Il faut dire qu’au vu des outrances de Sandrine Rousseau, on a parfois du mal à distinguer la parodie de la réalité tant la radicalité apparaît souvent un solvant du simple bon sens comme de l’honnêteté intellectuelle.

Voyage en Absurdie

Bien sûr, pour Sandrine Rousseau, la moquer est une agression qui ne saurait venir que du fascisme rampant qu’incarne « l’extrême-droite ». Elle n’est donc pas moquée pour ses exagérations mais parce qu’elle incarnerait la justice et la droiture. Ce n’est pas Mozart que l’on assassine en s’en prenant à elle, mais Jean Moulin que l’on tente de bâillonner.

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Une telle attitude est juste risible. Et Sardine Ruisseau ne fait que souligner l’inanité des postures de Sandrine Rousseau. Et a parfois du mal à aller aussi loin que l’original en Absurdie.

Il faut dire que l’élue EELV a du mal à s’élever au-dessus de l’imposture. Elle allie l’arrogance à l’absence de réflexion et se réfugie dans une posture victimaire, alors qu’elle accumule sorties stupides et discours caricaturaux. Si elle est tant moquée, c’est qu’elle est devenue elle-même sa propre caricature. Une bonne cliente, fournisseuse de buzz idiot à moindre coût dont la télé raffole. Elle se prête au jeu avec beaucoup de cynisme car elle n’ignore pas que c’est justement ses outrances et sa posture de Taliban du pauvre qui lui valent cette célébrité incongrue. La bêtise de nombre de ses propos lui assure une aura médiatique et lui vaut même une présomption de sincérité et d’authenticité.

Dans cet extrait de « Quotidien », on peut la voir expliquer que la caricature a ses limites. Comme elle perçoit à quel point l’auto-victimisation atteint vite ses limites, elle tente de se poser en défenseur de minorités opprimées. Elle met donc en accusation la liberté d’expression non en se basant sur le droit, mais en fonction de ses propres obsessions. Ses opinions doivent avoir force de loi. Les opinions contraires devraient donc être criminalisées.

Elle est juste en train de défendre le crime de lèse-majesté pour sa personne puis, pour se donner du crédit politique, l’étend à quelques groupes cibles: « On n’a pas le droit de se moquer des Noirs ou des LGBT ». Alors les autres, on peut ? Certaines orientations politiques ou sexuelles, certaines couleurs de peau seraient ainsi des victimes en soi, et auraient droit à une protection. Qui distingue les intouchables et la chair à canon que l’on peut railler et critiquer impunément ? Les groupes raciaux ou la pratique sexuelle déterminent-ils désormais une hiérarchie entre les hommes ? Comment détermine-t-on la place des groupes ? Peut-on condamner un Noir qui se moquerait d’un homosexuel, puisque les deux groupes sont censés être sous protection ? Et les autres ? De sales dominants qui méritent d’être cloués au pilori ?

La peau et la chemise

Comment devient-on une espèce protégée, selon la doxa de Sandrine Rousseau ? Quel groupe humain est légitime, lequel ne l’est pas ?

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Face à la bêtise crasse de cette dernière, rappelons ce que dit le droit. Nulle liberté n’est absolue, et c’est aussi le cas de la liberté d’expression. C’est pour cela que l’on peut être condamné pour diffamation par exemple, ou lorsqu’on incite à la haine contre un individu. En droit, on fait la différence entre la peau et la chemise. On a le droit de se moquer de toute idéologie, de tout groupe ou de toute personne, mais pas d’appeler au meurtre ou à la haine de quelqu’un en particulier ou d’un groupe quel qu’il soit. On peut se moquer d’une personne noire, d’un homosexuel ou du discours politique qui fait de la couleur de peau une identité censée résumer qui nous sommes, mais on n’a pas le droit d’appeler à la haine contre une personne ou un groupe à raison de sa couleur de peau. C’est cela distinguer la peau de la chemise. C’est visiblement au-dessus des capacités de Sandrine Rousseau. Entre se moquer et appeler à la haine, il y a une différence que connait très bien Sandrine Rousseau. La preuve : celle qui voudrait le retour du règne de la censure se garde d’ailleurs bien d’aller devant les tribunaux, car elle sait qu’elle perdrait. Alors, elle tente de créer un tribunal médiatique et renvoie encore une fois à « l’extrême-droite » tous ceux qui contestent sa vision des choses. Une attitude qui la rapproche des vrais fascistes et non de ceux qui s’étonnent de la détermination de la gauche islamogauchiste et puritaine à s’attaquer à nos libertés fondamentales.

Bref Sandrine Rousseau n’est ni victime de harcèlement, ni cible de l’extrême-droite, elle est victime du choix de l’outrance qu’elle a fait pour que les projecteurs soient braqués sur elle.

Les moqueries qu’elle suscite sont méritées. Mais qu’elle se console, ils la font exister médiatiquement alors qu’elle n’a rien à dire face aux enjeux de notre époque !




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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