La reconduction d’Eric Dupond-Moretti exacerbe les tensions entre l’Élysée et le corps judiciaire.
Longtemps la fraude fiscale a été le sport national français. Elle a été remplacée par le dénigrement de la magistrature, qui à l’évidence a pris une place considérable dans le débat public. Il semble que les attaques, qu’elles émanent du pouvoir, des intellectuels et des justiciables mécontents (ceux qui ont gagné se taisent), aussi injustes qu’elles soient, seront accueillies dans le climat actuel avec une sorte de lamentable jubilation.
Mais les temps ont changé.
Non pas parce qu’on aurait compris que la Justice et ceux qui la servent sont fondamentaux pour la démocratie et qu’à ce titre ils ont droit à des égards républicains autant, voire plus, que ceux qui sont dispensés à d’autres institutions, à d’autres services publics.
Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, des « petits pois » aux dérèglements politisés de l’état de droit, avec le concours d’une haute hiérarchie complaisante, la magistrature a été peu considérée. Il faut au moins reconnaître à l’ancien président une franchise qui ne dissimulait pas son hostilité : il ne cherchait pas à faire croire qu’il éprouvait une forte empathie pour le corps judiciaire qu’il percevait comme un empêcheur d’agir en rond ; et d’ailleurs ses critiques, avant même qu’il soit élu en 2007, étaient souvent pertinentes, je les ai approuvées et nous n’étions pas nombreux à le
