Dans le Monde daté du jeudi 7 octobre, j’ai découvert en page 7 une élégante publicité faisant la promotion des croisières proposées par la « Compagnie du Ponant ». Jusque là rien de très spécial. Expéditions « cinq étoiles, grand confort », voyages à bord du Boréal un yacht « à nul autre pareil », une expérience « unique », doublée d’une « subtile alliance de raffinement et d’intimité ». Bref, une jolie page de pub plan-plan, innervée de la moins inventive des proses mercatiques.
Mais en y regardant d’un peu plus près, on apprend que cette compagnie – assurant une prestation très haut-de-gamme de « yachting de croisière » – propose un exceptionnel séjour de prestige fin novembre, en Antarctique, avec pour « invité d’honneur » un certain… Michel Rocard.
L’ancien premier ministre de François Mitterrand semble vivre une retraite hyperactive. Ce bouillonnant octogénaire qui a obtenu de Nicolas Sarkozy le poste d’« ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique » est de tous les engagements. Sa nouvelle mission officielle l’obligeant certainement à ce sacrifice douloureux qu’est la participation à des croisières de super-riches facturées aux vacanciers entre 4000 et 10.000 euros les quinze jours, suivant le type de cabine. Assurément le juste prix pour entendre l’ancien Premier-Ministre socialiste prodiguer « ses idées et ses projets d’actions en faveur d’une meilleure gouvernance de l’océan Arctique », et – à n’en pas douter – partager avec lui, à l’occasion, un cocktail sans alcool au bar de l’entrepont, avec Gopher, le Doc et le capitaine. L’ambassadeur et le conférencier de luxe sont dans un bateau, l’ambassadeur tombe à l’eau, qu’est-ce qu’il reste ?
Ah, la croisière va bien s’amuser !
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