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La Corse: une France qui résiste…

La foi populaire corse a eu les faveurs du Pape, Notre-Dame de Paris, non...


La Corse: une France qui résiste…
Le Pape François lors de la prière de l'Angélus avec les évêques, prêtres, diacres, personnes consacrées et séminaristes dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption. Ajaccio, le 15 décembre 2024 © Grzegorz Galazka/SIPA

Loin des turpitudes de l’hexagone, la Corse jouit d’une simplicité de vie qui a séduit le Pape François. Une île qui ne cesse de se battre pour rester elle-même que cela soit dans le culte de ses qualités que dans sa criminalité « distinguée »…


Loin de moi l’idée de mythifier la Corse en oubliant les violences, les meurtres, les assassinats et le terrorisme qui ont tragiquement endeuillé des familles et dévoyé cette île magnifique.

Vertus anciennes…

Mais comment ne pas être saisi par l’empathie et une forme d’estime, voire de respect que les Français éprouvent de plus en plus pour la vie en Corse, ses grandeurs, son honneur, ses vertus anciennes ?

Ce pape obstiné qui a préféré la foi populaire et cette immense et intense ferveur corse à la solennité officielle, splendide autrement, de Notre-Dame de Paris, a sans doute tout compris de ce qu’il y avait d’unique sur ce territoire, cette croyance naïve, sans apprêt, pour les symboles religieux et l’évidente relation du catholicisme avec cette île. Fi, ici, des doctes scepticismes, d’une conception intégriste de la laïcité, du refus des crèches, de cette volonté d’éradiquer tout ce qui de près ou de loin renvoie aux origines chrétiennes de la France. La Corse m’est apparue en ces derniers jours comme la revanche de l’émotion simple, spontanée, heureuse de s’exprimer sans la moindre honte ni la plus petite réserve, sur la rationalité contente d’elle-même.

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Comment passer sous silence le culte de ces qualités tellement intériorisées parfois qu’elles se passaient de mots, qu’elles n’avaient besoin que de ces visages et de ces mains accordés ? La confiance, la fidélité, l’amitié, le goût et la protection de l’enfance, la dignité, le souci des personnes âgées et de leur expérience.

L’identité n’est pas un gros mot, là-bas

Longtemps, sur le plan de la sécurité, il y a eu en Corse des personnes auxquelles on ne touchait pas. Les viols étaient inexistants et les enfants sacrés. Les personnes âgées également. Une sorte d’immunité laissait à l’abri tout ce qui relevait de la vie intime, de l’existence familiale. Les délits et les crimes se situaient dans un autre monde, une autre sphère. Les choses ont un peu changé dit-on mais je continue à penser que la Corse échappe encore à cette terrifiante dérive du continent où plus aucune limite n’existe, où plus aucun frein n’est mis à la libération des pires instincts. Avec une précocité de plus en plus constatée et une voyoucratie arrêtée par rien, et pas seulement dans le domaine de la drogue et du narcotrafic.

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La Corse ne cesse de se battre pour rester elle-même. L’identité n’est pas un gros mot, là-bas. Qu’on se rappelle certains incidents, des affrontements dans les cités, sur des plages, où pour défendre leur communauté contre ceux qui prétendaient imposer leur loi et leur force, les Corses unis ont mis le holà. Et les avertissements ont été compris. Là où le continent trop souvent cède par faiblesse ou fatalisme, la Corse est trop fière de ce qu’elle est pour laisser se perdre ce qui la constitue. Avec la conscience que sa résistance est légitime.

Je ne pousserai pas la provocation jusqu’à considérer que même dans la criminalité corse, il reste des éléments la distinguant. Il ne faut pas abuser de cette pente trop française, cultivée médiatiquement, qui cherche à donner du lustre à l’odieux ou à l’ignoble.

Nous n’avons pas besoin de cela pour aimer la Corse, sa population, ces êtres parfois sombres d’apparence, ne s’abandonnant pas à une amabilité facile mais attendant que le temps ait construit, démontré, fait son œuvre. Mais alors c’est pour la vie ! La Corse est une France qui n’a pas encore pris l’habitude de plier. Loin d’être dépassée, j’espère qu’elle annonce ce qu’un jour nous pourrons redevenir. Si les touristes nombreux qui s’y rendent et admirent ses magnifiques paysages et ses points de vue inouïs pouvaient aussi s’imprégner de ce que je n’hésite pas à nommer sa morale, ils y gagneraient en humanité vraie.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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