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La continence, orgasme du catho homo !


photo : One From RM, Flickr

Que faire quand on est à la fois catho, homo, et au printemps de sa vie ? L’Église catholique propose une solution bien scandaleuse pour notre époque, une grosse blague bien sérieuse qui s’appelle CONTINENCE. Un truc qui ne s’oppose pas strictement au couple homo (le meilleur n’est pas l’ennemi du bien), un choix de vie qui ne ravit pas les couples, y compris « hétéros » (qui sont loin d’être des modèles de vertu dans le domaine de la sexualité-engagement, c’est le moins qu’on puisse dire…), une réponse à l’homosexualité qui paraît tellement irréaliste que peu d’ecclésiastiques osent seulement prononcer le mot, de peur de passer une nouvelle fois pour les méchants-réacs-ennemis-du-plaisir-et-de-l’Amour. Mais bon, tant pis ! L’Église propose. Le Peuple sanctifié que nous sommes dispose ! Et de toute façon, l’institution vaticane n’est plus, actuellement, à une « énormité idéologique » près, surtout quand cette énormité, testée en vrai, procure un bonheur inédit et une joie d’exister qu’une vie de couple homo bien rangée ne donnera vraisemblablement jamais. J’en suis la preuve vivante, étant moi-même catholique, homosexuel et vraiment continent ![access capability= »lire_inedits »]

« Continence ». Qu’est-ce que c’est que ce mot barbare ? – vous demandez-vous. La nouvelle trouvaille angéliste d’une Église catho soucieuse d’imposer sous une forme plus moderne ses interdits moraux sur la sexualité ? Sûrement pas. Qu’on L’écoute un peu parler de sexe, et on s’aperçoit vite que l’Église aime tellement le corps, les plaisirs et le cul qu’Elle leur offre des limites ! Un rapport avec l’incontinence ? On chauffe, on chauffe… Pour faire dans le jeu de mots trivial et pédagogique, je dirais que l’incontinent, c’est celui qui pisse partout ; alors que le continent, c’est celui qui « peace » partout… c’est-à-dire qui offre sa sexualité à Dieu et aux autres pour mieux la vivre et lui donner sens, surtout quand il constate que le couple homosexuel, tout capable d’amour qu’il soit, est très limité, bancal, et peu idéal pour trouver le bonheur.

J’ose même dire que la continence dont l’Église parle est la voie royale proposée à des personnes qui, comme moi, ne se sentent appelées ni au mariage, ni au célibat consacré. Car il n’existe pas une seule et unique voie d’épanouissement sexuel dans ce bas monde. Et le célibat et l’abstinence ne sont pas des non-sexualités, mais au contraire d’autres expériences concrètes de la sexualité humaine, si riche et si diversifiée. Les enfants que nous avons tous été, les vieillards que nous serons peut-être, les célibataires que nous sommes universellement à un moment donné de notre vie ne me contrediront pas : nous vivons tous de sexualité, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, de la naissance jusqu’à la tombe. Et même à supposer que nous soyons tous appelés à donner notre vie à une personne élue, nous n’avons pas tous un destin de Roméo allant au restaurant avec sa « moitié » les jours de Saint-Valentin ou squattant les plateaux-télé en forme de camembert pour prouver au monde entier que l’amour-sentiment est plus fort que tout… et que l’Amour-engagement, éternel et unique, n’existe pas.

C’est parce que les cathos aiment le sexe qu’ils se privent parfois de cul

Alors si monsieur Tout-le-monde vous demande d’un air sceptico-bougon la définition de la continence, ne vous cassez pas trop la tête. Dites-lui d’abord tout ce qu’elle n’est pas : ni un appel à la chasteté (la chasteté n’est pas réductible à la continence : c’est la juste distance nécessaire à tout type de relation, y compris entre un homme et une femme, un artiste et son œuvre, un individus et ses amis, etc.), ni une sacralisation du célibat (le célibat en soi n’a pas de sens : il n’en trouve un que s’il est un don entier de son être à une autre personne UNIQUE, qu’on appellera Dieu ou individu de l’autre sexe), ni un synonyme d’abstinence (on peut s’abstenir de tout et n’importe quoi, et pas forcément dans des buts louables). La continence, elle, vise à s’abstenir POUR quelqu’un… qui plus est Quelqu’un avec un « Q » majuscule puisqu’il s’agit de Jésus ! Vous parviendrez ainsi à la définition véritable de la continence : un don entier de sa personne à Dieu.

Qu’on se le dise : la continence, ce n’est pas le bagne ni une demande impossible. Cela ne devient inhumain que si on ne la vit pas pleinement ! Ne nous leurrons pas : ceux qui prétendent se l’imposer à coup de martinet et de volontarisme de grenouille de bénitier ne la vivent pas : ils l’essaient mal, ou scolairement, et crient avant d’avoir mal ou de s’être laissé le temps d’y goûter avec leur cœur.

Regardons les faits. Laissons de côté les intentions. Croyez-moi si vous voulez. Les prophètes hédonistes de la jouissance sans entrave se foutent le doigt dans l’œil bien profond en pensant que les vrais coincés sont les cathos, que la sexualité-génitalité est une activité anodine, sans enjeu ni gravité (il est vrai que la joie de l’accueil d’un enfant, c’est de la bagatelle…), ou que la « réussite » en ce domaine est proportionnelle au nombre d’expériences amoureuses accumulées dans une vie. Je n’ai jamais vu d’individus plus frustrés sexuellement que ces bêtes de sexe qui enchaînent fiévreusement, sans liberté aucune, les « plans cul » et les aventures de six mois avec différents partenaires. Les cathos, continents ou pas, sont à mes yeux, les serial-baiseurs les moins frustrés sur Terre. Il n’y a qu’à voir le nombre d’enfants et d’amis sereins qui gravitent autour d’eux ! C’est parce que les cathos aiment vraiment le sexe qu’ils se privent parfois de cul. Il ne faut jamais abuser des bonnes choses… sinon, on n’y goûte plus à force de s’en goinfrer.[/access]

Juillet-août 2011 . N°37 38

Article extrait du Magazine Causeur



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