Après quelques années de résistance relative, après s’être offert le luxe de maintenir le cap qu’il s’était fixé, le Comité Miss France vient lui aussi de déposer les armes et d’offrir une victoire de plus au wokisme invasif. Il annonce en effet que le concours sera désormais ouvert aux transsexuels. Analyse.
Ce faisant, le comité s’imagine qu’il va se faire applaudir et féliciter par les zélés de la twittosphère, cette avant-garde du wokisme militant, exigeant, intrusif et intolérant qui annonce toujours avec quelques mois d’avance ce qui se retrouve ensuite dans les campus « progressistes », puis dans les salles de rédaction, ensuite dans le cabinet de Marlène Schiappa et enfin dans les circulaires de l’Éducation nationale. Mais non, le comité n’attirera à lui aucun remerciement définitif : sitôt que le premier transsexuel aura posé un pied sur l’estrade de Miss France, les femmes à barbe voudront participer aussi, ainsi que les grassouillettes qui négligent volontairement les apparats de leur féminité « pour lutter contre les stéréotypes de genre », les vraies obèses qui revendiquent leurs kilos comme autant de titres de gloire, là encore pour « lutter contre les clichés de la beauté normative », les queers non-binaires, les déconstruites stéroïdées et avec elles tout le spectre du grand cirque woke.
Revendication suivante, à vous de défiler !
« Le système ne laisse vivre que ceux qui rajoutent à la laideur ambiante », lit-on dans le roman K est l’aventure de Quentin Rouchet. Peut-on mieux résumer la situation ?
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Le comité Miss France pense naïvement s’être payé une bonne conscience pour pas cher, s’imagine avoir accompli sa part dans l’immense opération inclusive. Mais le comité va vite déchanter lorsque toutes les autres revendications vont venir frapper à sa porte, ce qui arrivera inévitablement. Il fallait dire non, un point c’est tout. Un non ferme et définitif, au lieu d’entrouvrir la porte aux hordes qui, voyant désormais passer la lumière, viendront bientôt la détruire jusqu’aux gonds. Miss France est désormais un trophée, une prise de guerre pour le wokisme, mais y faire parader les seuls transsexuels ne décerne qu’une médaille de bronze. Il peut mieux faire, il voudra mieux faire : il fera mieux, c’est-à-dire qu’il fera pire et pour cela, il militera pour « déconstruire » complètement les codes du célèbre concours, de manière à faire tomber, tout entières, les normes de la beauté classique. Sa médaille d’or, ce sera de faire couronner une femme noire transraciale, lesbienne tendance cheveux fluo, si possible naine, en tout cas moustachue voire plus. Lorsque Miss France sera enfin exactement, radicalement, totalement l’inverse de ce qu’elle a été depuis des décennies, alors le wokisme pourra considérer que le travail a été bien mené, c’est-à-dire que les critères de beauté auront été correctement « déconstruits ». Et alors il pourra s’attaquer à sa prochaine victime, car le Monstre est insatiable. Le Comité a voulu trancher une dispute entre son classicisme et le néo-monde : il n’a fait qu’ouvrir une boîte de Pandore et les temps sont très proches où il le regrettera amèrement.
D’ailleurs, les organisateurs du concours devraient savoir que les forces qui aujourd’hui positionnent leurs troupes de combat autour de leurs locaux n’en sont pas à leur coup d’essai. Lorsque le wokisme n’en était qu’à son stade préparatoire antiraciste, il avait travaillé à obtenir du Comité qu’il mette en avant des candidates noires et métisses, ce que le Comité a fait, plutôt deux fois qu’une même si l’on en juge à la proportion importante de miss et de dauphines que nous voyions alors décorées de couronnes et d’écharpes. Antiracisme oblige, personne n’osait trouver étrange cette proportion anormale : c’était pour la bonne cause, c’était pour l’inclusion des minorités raciales.
Maintenant que ce combat est gagné, le wokisme poursuit sa guérilla et obtient l’inscription aux concours des transsexuels, suite logique. On n’ose à peine penser à ce que sera la prochaine étape.
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