
Derrière le comptoir de la brasserie qui fait face à la sortie du métro La Chapelle, Samir est formel : « Des choses comme ça, il n’y a qu’en France qu’on l’accepte ! Que les femmes soient harcelées, qu’elles aient peur de passer dans la rue…? C’est pas normal, ça. ». Son établissement a servi de refuge aussi bien à des jeunes filles en pleurs qui venaient d’essuyer des propos salaces, qu’à une vielle dame trop effrayée pour se déplacer seule, là où les hommes se déployaient stratégiquement, comme pour optimiser leurs rafles. Depuis que l’omerta sur le calvaire quotidien des habitants de ce secteur du 18ème arrondissement de la capitale a été levée par l’article du Parisien », la situation a sensiblement changé. Désormais, la place de La Chapelle revêt des airs de Parc des Princes à l’heure d’un match à haut risque : une camionnette de CRS, des patrouilles régulières de police. De quoi permettre aux braves copains de Mehdi Meklat d’affirmer sur le site du Bondy Blog, aux termes d’une « contre-enquête » rigoureuse, que les femmes consomment dans les cafés alentours. En effet, nous en remarquons une à la terrasse du « Capucin ». À côté, dans le square clos par des grilles, une kyrielle de vieillards aussi chétifs que de jeunes arbres égrènent leurs chapelets, contemplant la plus grande concentration de forces de l’ordre au mètre carré depuis la fin de la guerre d’Algérie.
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« Les hommes qui occupaient la zone sont allés ailleurs, mais pas tous au même endroit. Il y a un effet de dispersion sans effet de déplacement, car ils ne sont pas concentrés. », se félicite Pierre Liscia, le très motivé conseiller du 18ème et délégué LR de la 17ème circonscription de Paris, dont l’insistance a obligé les médias à s’emparer du sujet. Il n’a pas beaucoup de temps à nous consacrer. On l’attend au commissariat de la Goutte d’Or, suite à la plainte qu’il a déposée après l’agression dont il a été victime de la part d’un groupuscule anti-fa qui l’a traité de… fasciste pour avoir dénoncé la situation et lui a cassé son téléphone. « Pourtant, je n’ai jamais associé l’insécurité avec la présence des migrants ! », s’insurge Pierre Liscia. Samir corrobore le constat : « Les migrants se bagarraient parfois entre eux, ils ont transformé le quartier en décharge à ciel ouvert. En revanche, on ne peut pas dire qu’ils s’en prenaient aux femmes ». Qui alors ?
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La question fait fuir nos interlocuteurs
