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L’ultradroite! L’ultradroite, vous dis-je!

Roméo et Juliette, sérieusement?


L’ultradroite! L’ultradroite, vous dis-je!
La sociologue Isabelle Veyrat-Masson sur Arte, la semaine dernière. DR.

La sphère politico-médiatique n’a plus que « l’ultra-droite » à la bouche. Pour l’instant, cette dernière n’a pourtant heureusement tué personne. Mais faute de mieux, et parce que l’on craint une fracturation de la société, c’est la seule contre-offensive que l’on a trouvée en macronie aux victoires lexicales du camp d’en face alors qu’une « vérité parallèle » – en désaccord avec le gouvernement – émerge à droite de l’échiquier politique. Récit.


Sur Arte, la sociologue et historienne des médias Isabelle Veyrat-Masson a comparé le drame de Crépol, qu’elle qualifie de « fait divers banal », à Roméo et Juliette. « C’est un bal, dans lequel une famille déteste l’autre famille et va chercher des filles. […] Ça devait être au départ un petit truc sympa, un peu provocateur mais sans plus, et ça devient quelque chose de gravissime. Il y a des combats et bien évidemment on tire l’épée parce qu’on tire toujours l’épée, mais maintenant c’est des couteaux, mais les couteaux existent, là aussi, depuis que les couteaux existent. »

Comparaison n’est pas raison

Cependant, note la vibrionnante sociologue complètement partie en vrille, il y a une différence fondamentale entre ce « fait divers » et le drame shakespearien, et cette différence c’est « une montée en généralisation de par le fait que l’extrême droite va se servir de ce fait divers banal dans un contexte politique ». Cette comparaison débile enrobée d’une très grossière analyse politique et distillée dans une langue approximative proche du verbiage des sociologues de Paris VIII, serait désopilante si elle ne concernait pas la mort tragique d’un jeune homme assassiné non pas par un personnage romanesque mais par une racaille bien réelle et assez similaire à celles qui pourrissent la vie des Français dans de nombreuses villes et maintenant dans des villages. Cette dame a été directrice de recherches au CNRS – la bêtise du second degré décrite par Clément Rosset se porte décidément bien. Elle a, de plus, co-dirigé un ouvrage sur Les guerres de mémoires avec Pascal Blanchard, l’historien décolonialiste bien connu des milieux immigrationnistes et multiculturalistes dans lesquels gravitent ses amis Rokhaya Diallo et François Durpaire. Il y a, comme ça, des signes qui ne trompent pas.

L’éditorialiste Patrick Cohen minimisant la gravité des faits de l’attaque de Crépol sur France5. Photo DR.

Sur France 5, Patrick Cohen, lui, a repris sans nuances le récit des racailles rapporté complaisamment par Le Monde. « Ils sont venus pour s’amuser, pour draguer des filles. Pas d’incident jusqu’à la dernière chanson de la soirée, Tchikita du rappeur Jul. C’est là que d’après les mis en cause, l’un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d’un des membres du groupe, le traitant de “Tchikita”, c’est-à-dire de fille sexy. Altercation, bagarre, les offensés sortent des couteaux. Un adolescent de 16 ans s’effondre, poignardé à mort. » Quid des propos racistes rapportés par de nombreux témoins ? Des couteaux de 20 cm que les pauvres « offensés » avaient sur eux ? De la version très différente donnée par ceux qui ont vécu cette attaque en règle ? Des antécédents des suspects ? Naturellement, cette version édulcorée des faits tragiques de Crépol ne sert une fois de plus qu’à désigner les supposés véritables coupables, les seuls qui vaillent aux yeux de Patrick Cohen et de toute la caste journalistique des médias publics, « la droite et l’extrême droite qui veulent qu’une France se dresse contre une autre ».

La guéguerre des récits

Le Monde n’est pas intéressé par les « faits divers ». Il évite d’en parler avec soin. Quand le « fait divers » prend une allure implacable de « fait de société », fait tellement révélateur de l’état dans lequel se trouve notre pays qu’il devient impossible de le mépriser totalement, Le Monde consent à faire quelques papiers dessus tout en privilégiant des angles d’attaque permettant d’altérer la réalité et de désigner un coupable qui n’a rien à voir avec les véritables coupables. Bien entendu, pour ne pas faire le jeu de qui vous savez, le quotidien s’est refusé à donner les prénoms des assaillants interpellés par la police. Les articles du Monde consacrés à la mort de Thomas ont été simplement le relais de la propagande gouvernementale et ont quasi-systématiquement fait état de… l’extrême droite et de l’ultradroite, en reprenant les éléments de langage du funeste triumvirat gouvernemental – Borne, Dupond-Moretti, Darmanin : « l’indécente exploitation de la colère », « une exploitation politique effrénée », « le gouvernement hausse le ton pour contrer le récit porté par l’extrême droite », « Meurtre de Thomas : Face au rouleau compresseur médiatique du groupe Bolloré, la majorité a cherché le bon tempo », etc. Le 30 novembre, Le Monde titre : « L’exécutif face aux assauts de l’extrême droite ». Le drame de Crépol, comme la plupart de ceux qui ensanglantent régulièrement notre pays, est le cadet des soucis des journalistes du Monde. Pour eux, le seul véritable danger qui guette la France c’est… la droite nationale !

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De son côté, Apolline de Malherbe a reçu Éric Zemmour sur RMC. L’entretien a duré vingt minutes. Durant les onze premières, la journaliste est restée la proie d’une idée fixe et n’a posé qu’une seule question : le président de « Reconquête ! » condamne-t-il l’ultradroite ? Ayant échoué à obtenir une réponse à son goût, elle a ensuite fait semblant de s’intéresser à la mort de Thomas – mais n’a cessé en réalité d’essayer à nouveau d’arracher de la part de Zemmour une condamnation de l’ultradroite. La locution « extrême droite » – usée jusqu’à la corde et devenue risible à force de qualifier de plus en plus de monde, en fait tous ceux qui n’occupent ni le centre macroniste ni l’extrême gauche mélenchoniste – ne faisant plus peur à personne, la caste médiatico-politique a passé la vitesse supérieure et parle maintenant, avec des frissons dans la voix, de l’ultradroite, laquelle serait le prolongement et le bras armé du RN et de « Reconquête ! ». L’ultradroite représente environ 3000 personnes en France, d’après le spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus. Son pouvoir de nuisance est loin d’être comparable à celui des black blocks, antifas et autres zadistes qui composent l’ultragauche et ne ratent jamais une occasion de casser et piller les magasins, de détruire les biens des entreprises ou des particuliers, ou de se colleter avec les forces de l’ordre puis de se faire passer pour des victimes. Pourtant, la presse bienpensante et le gouvernement n’ont plus que le mot « ultradroite » à la bouche. Pourquoi ?

L’ultradroite sert de paravent à l’impéritie de nos ministres régaliens et de carburant à l’idéologie gauchisante de nos médias progressistes. Les uns et les autres, conscients du fait que l’opinion publique est en train de virer à droite toute, ont décidé de noircir un peu les « heures sombres » et d’opérer une césarienne sur ce « ventre fécond » qui tardait à accoucher d’un véritable monstre. Pas sûr que cette opération soit profitable. Les Français voient ce qu’ils voient : ils savent pertinemment que « l’ultradroite » n’a rien à voir avec les dizaines d’agressions quotidiennes à l’arme blanche, les viols de plus en plus fréquents, en particulier sur des personnes âgées, les émeutes qui ont ravagé la France cet été, les menaces que subissent régulièrement les professeurs, la mort de Lola, d’Alban Gervaise, de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le martyre d’Ilan Halimi, la mort de Sarah Halimi et de Mireille Knoll, les violences gratuites pour une cigarette, pour un « mauvais regard », pour rien, l’arrachage des photos de Thomas à Sciences Po ou des photos des otages franco-israéliens dans la rue, la mise sous protection policière de dizaines de chercheurs, journalistes ou représentants politiques, l’éviction des juifs du 9-3, l’explosion des actes antisémites, les attentats qui ont fait près de trois cents morts en France depuis 2012, etc.

L’avocat de Salah Abdeslam se dresse courageusement contre l’ultra-droite

Malgré cette lugubre liste non exhaustive, de belles âmes plastronnent sur les plateaux de la télé publique pour faire part de leur inquiétude mais aussi de leur résolution face à l’ultradroite. Ainsi, toute honte bue, Franck Berton déclare dans l’émission C L’hebdo, à propos des « individus d’ultradroite » interpellés à Romans-sur-Isère : « Je ne pourrais pas les défendre parce que je n’ai rien à dire sur cette exclusion (sic) qui en réalité est d’un autre temps ». J’ai oublié de dire que Maître Berton est l’avocat qui a défendu Salah Abdeslam, ce jeune homme bien de notre temps, lui, impliqué dans les attentats terroristes du 13 novembre 2015 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Quant à Yannick Jadot, il confesse, sur le plateau de Télématin, avoir « pour la première fois de [sa] viela trouille ». La trouille de quoi ? Devinez…

Il est et il sera de plus en plus difficile de nier la réalité. Les macronistes et les islamo-gauchistes ont beau beugler la même chanson sur l’immigration nécessaire et bénéfique, le vivre ensemble idyllique, la diversité heureuse et le magnifique multiculturalisme, ça craque de partout. Marie-Hélène Thoraval, maire divers droite de Romans-sur-Isère depuis 2014, a été visiblement choquée par les événements de Crépol. Elle ne peut et ne veut plus se taire. « On a cru bien faire », dit-elle en parlant des 150 millions d’euros injectés dans le quartier dont sont issus la plupart de ceux qui ont attaqué le bal à Crépol. Au Figaro, elle dit : « La Monnaie est l’un des quartiers les plus dotés ! Je ne connais pas d’autre quartier dans Romans qui possède une maison de quartier, une ludothèque et une médiathèque… La maison de quartier, en 2020, a d’ailleurs été en partie brûlée par des individus de la cité. Tout comme la crèche en 2017, et une école en 2016. Au moment des émeutes, le quartier a aussi été violemment mis à sac… En juillet dernier, des individus ont brûlé l’office HLM ! Le restaurant chinois a lui été caillassé. Et le bar PMU affiche encore porte close. » Sur RMC, elle tient les mêmes propos et ajoute sans prendre de gants : « Quand on fait le décompte, bizarrement, on réalise qu’aucun des commerces communautaires du quartier n’a été touché ! » Apolline de Malherbe encaisse. Si cette phrase était sortie de la bouche d’ Éric Zemmour, elle aurait sans doute fait montre d’un extraordinaire courage journalistique en reprenant à la volée un propos pas loin d’être nauséabond – l’exercice est plus délicat face à une élue décrivant la réalité d’une ville moyenne confrontée aux mêmes maux que ceux qui contaminent de plus en plus de villes françaises. Visiblement agacée par le détournement politicard opéré par le gouvernement et les médias, la maire de Romans-sur-Isère continue de régler les comptes : « J’ai vu la fermeté du ministre Darmanin (à propos des « milices d’ultradroite » défilant dans sa ville) mais j’aurais aimé qu’il ait la même lorsque nous avons eu les émeutes dans nos villes moyennes fin juin début juillet. »

Une maire courageuse contre la culture de l’excuse

Marie-Hélène Thoraval confirme ce que tout le monde sait mais qu’Apolline de Malherbe semble découvrir : les maux qui gangrènent la France s’appellent la drogue, la délinquance, la violence et la radicalisation islamique. Les personnes interpellées suite à l’attaque de Crépol et à la mort de Thomas sont déjà connues de la police et de la justice, font partie de « familles de délinquants » issues de l’immigration et multirécidivistes. La maire demande calmement mais résolument que cesse « la culture de l’excuse » et que la justice soit intraitable avec les délinquants afin que les quartiers dans lesquels vivent « les gens qui travaillent » puissent retrouver la paix.

Marie-Hélène Thoraval ayant dit la vérité, elle partage maintenant le sort d’autres lanceurs d’alerte. Après avoir reçu de nombreuses menaces de mort, elle vit dorénavant sous protection policière. Dans un entretien donné au JDD, elle rappelle que, déjà en 2015, pour avoir voulu récupérer un bâtiment communal squatté par des « associations très engagées à l’extrême gauche, sous couvert d’écologie », elle avait reçu « des menaces de mort qui venaient de l’extrême gauche ». Aujourd’hui, menacée de décapitation et traitée de facho – « les termes qui reviennent dans la menace de mort correspondent à des méthodes qu’on peut facilement identifier », confie-t-elle au Figaro – elle observe de loin, dépitée mais pas surprise, la centaine de jeunes encapuchonnés accompagnés de quelques militants de gauche qui manifestent contre elle, sous les yeux attendris d’une certaine presse, de LFI et des écolos, en prétendant représenter la majorité des habitants du quartier de la Monnaie.

Pendant ce temps, incapables d’agir sur les véritables causes de la violence qui sévit en France, M. Darmanin fanfaronne en proposant la dissolution de deux ou trois groupuscules d’extrême droite, l’inconsistante Mme Borne condamne « avec la plus grande fermeté les actes de violence de l’ultradroite » et le pauvre Dupond-Moretti se remet à délirer à plein tube en invectivant sa bête noire, le RN qui, selon lui, souhaite « opposer la France rurale et tranquille, catholique et blanche, à la France des cités, des Mohamed, des Mouloud et des Rachid. » Dire que ce sont les mêmes qui parlent d’indignité et d’indécence quand il s’agit de discréditer les élus qui disent ce qu’ils voient et, surtout, qui disent ce qu’ils vivent. Je m’arrête là – mon papier est déjà trop long et je crains de devenir grossier. 




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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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