La guerre en Ukraine aurait pu demeurer un conflit entre deux voisins et s’éterniser sans dégénérer. Elle est devenue une guerre de blocs qui rappelle de mauvais souvenirs aux pays asiatiques. Ils s’efforcent d’en rester éloignés et, pour le moment, ça leur réussit.
Vu d’Asie, le conflit prend pourtant un autre visage. Les pays asiatiques n’aiment pas les blocs. Ils ne cherchent pas à en constituer eux-mêmes. Ils n’ont pas oublié qu’au xxe siècle, le soutien militaire de chaque camp avait aggravé des conflits de décolonisation ou régionaux sans lien initial avec la problématique Est-Ouest. De Pékin à New Delhi, de Hanoï à Bangkok, on souhaiterait que ce conflit demeure un problème entre deux voisins et ne prenne pas une dimension internationale trop grande. Vœu pieux.
Les blocs : c’est non
Cette réticence asiatique à analyser le conflit comme une confrontation entre Occident libéral et Russie impériale a deux raisons principales.
En premier lieu, le refus de se retrouver enrôlés dans un conflit qui n’est pas le leur. Durant la guerre froide, les Américains ont sommé chacun de se positionner sur les conflits du moment. Le « you are with us or you are against us » ne laissait guère de place aux subtils compromis diplomatiques. En face, Moscou et Pékin exigeaient un soutien sans
