Le 16 octobre, les eurodéputés, qui effectuaient leur habituelle transhumance entre Bruxelles et Strasbourg, se sont retrouvés à Disneyland Paris.
Chaque mois, le Parlement européen fait la navette entre Bruxelles, le centre administratif de l’UE, et Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande post-1945. Ce déménagement oblige les 705 eurodéputés, accompagnés de leurs 2 500 assistants et de leurs dossiers, à faire un voyage de 450 kilomètres et, quatre jours plus tard, à prendre le chemin inverse. Le gros du travail parlementaire a lieu dans les commissions, qu’il est plus commode de tenir à Bruxelles, à proximité de la Commission et du Conseil européens. Seulement, le traité sur le fonctionnement de l’UE stipule qu’au moins 12 séances plénières par an doivent avoir lieu à Strasbourg.
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Or, le 16 octobre, le train affrété pour transporter les eurodéputés a fini, non dans la capitale alsacienne, mais à Eurodisney. La SNCF a reconnu une erreur d’aiguillage qui a provoqué un arrêt de quarante-cinq minutes : trop court pour que les élus puissent profiter du parc d’attractions, mais suffisant pour relancer le débat éternel qui oppose les partisans d’un siège unique à ceux d’une solution à deux sièges. Le premier groupe est lui-même divisé entre Bruxellois et Strasbourgeois. Les eurodéputés sont largement pour un siège unique, et de préférence à Bruxelles. Ils ont même voté pour réduire le nombre des déplacements à Strasbourg, mais en vain. Car le Conseil européen ne peut modifier un traité que par un vote à l’unanimité, ce qui confère un droit de veto à la France, qui tient au siège officiel à Strasbourg. Une étude parlementaire conduite en 2013 estimait le coût de la gestion de deux sièges à 103 millions d’euros, sans compter que les navettes ne font rien pour réduire l’empreinte carbone du Parlement. À Marne-la-Vallée, le chargé de presse d’un eurodéputé danois s’est demandé si le bâtiment strasbourgeois ne pouvait pas abriter un nouveau Disneyland. L’eurodéputé vert allemand Daniel Freund a riposté sur X, exploitant l’expression anglaise pour désigner quelque chose de peu sérieux : « Nous ne sommes PAS un Parlement à la Mickey Mouse » (We are not a Mickey Mouse Parliament). Qu’en diraient les électeurs européens ?