Au théâtre de l’Atelier, Philippe Magnan et Cyrille Eldin jouent L’Opposition, inspirée du duel Mitterand/ Rocard. À la veille de 1981, deux ego que tout oppose se disputent le fauteuil élyséen avec humour, rouerie et cruauté.
L’un veut être maître du temps, ne porte jamais de montre, est toujours en retard. Il a le pas d’un cardinal. On ne l’a vu courir qu’une seule fois, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959, du côté des jardins de l’Observatoire… Il aime les femmes et les livres, Venise et les huîtres, les rituels et les transgressions. Certains l’appellent François. De Gaulle l’appelait « l’Arsouille ». Les gaullistes de la première heure disent « Mitrand », suprême outrage qu’il ne pardonne pas.
C’est le Sphinx.
L’autre est un agité du bocal, volubile, toujours pressé, la clope au bec. À la barre de son voilier, il a bourlingué sur toutes les mers. Il aime les chiffres plus que les lettres, la Réforme et les réformes, l’Europe et Conflans-Sainte-Honorine, capitale de la batellerie. ENA, PSU, CSG, PS, quelques acronymes lui collent à la peau. Certains boivent les paroles, lui les mange. Grosse tête dès ses premières culottes courtes, il a conservé son totem de scout unioniste.
C’est Hamster érudit.
Ces deux-là militent et exhalent leurs ambitions dans le même parti, mais s’entendent comme chat et souris. Le premier soupçonne le second de vouloir prendre sa place sous couvert de « vraie gauche ». Le second, plus jeune de 24 ans, accuse le premier d’opportunisme, et pire, d’archaïsme. Or, voilà qu’en cette année
