Pour avoir cru la fin de l’Histoire advenue avec la chute de l’URSS, les Européens se sont désarmés et donné pour mission sacrée d’abolir leurs singularités. Tirés brutalement de l’anesthésie générale par les bouleversements du monde, ils peinent aujourd’hui à répondre à cette question vitale : qui est notre ennemi ?
Les temps changent, comme disait l’autre. Les Français l’ont découvert le 25 mars, lors de l’avoinée en mondovision infligée à Volodymyr Zelensky par le duo exécutif américain. Sans doute étions-nous trop occupés, ces dernières années voire décennies, à sauver nos retraites, pour nous apercevoir que les cartes de la puissance étaient rebattues à l’échelle mondiale. Si on prend seulement les six derniers mois, l’actualité internationale donne le tournis : le 8 décembre 2024, le régime baasiste au pouvoir à Damas depuis 1963 tombe devant des islamistes parrainés par Erdogan ; le 1er janvier 2025, Xi Jinping déclare que « personne ne peut arrêter » la « réunification » avec Taïwan ; le 7 janvier, Donald Trump indique qu’il a l’intention de faire du Canada le 51e État américain, ainsi que d’annexer le canal de Panama et le Groenland ; et pour finir, le 18 mars, après des années de gel diplomatique entre leurs deux pays, Poutine et Trump copinent au téléphone et commencent à se partager le sous-sol ukrainien. Au même moment, l’Europe et l’Amérique se causent à coups de tarifs douaniers, et la Maison-Blanche se plaît à laisser penser que l’OTAN, de la mort clinique annoncée par Emmanuel Macron en 2019, est passée à la mort tout court – à ce jour, l’Alliance atlantique bouge encore.
La France rétrogradée
Pendant la même période, la France connaît une série de revers. Depuis novembre
