Accueil Monde L’Europe doit soutenir le processus en cours au Soudan, pour éviter une nouvelle crise migratoire dont elle sera aussi la victime

L’Europe doit soutenir le processus en cours au Soudan, pour éviter une nouvelle crise migratoire dont elle sera aussi la victime



Le Soudan, comme nombre de pays arabes qui ont vécu les Printemps arabes, cherche depuis plusieurs années sa voie vers la démocratisation. Depuis 2021, pays tente d’avancer vers un accord de transition politique à terme entre pouvoir et militaire et société civile. Début décembre 2022, un premier accord encourageant était signé pour tenter de mettre fin à la crise profonde que traverse le pays depuis plusieurs années. Le pays est en équilibre précaire et si le président actuel est le général Abdel Fattah al-Buhran, Mohamed Hamdan Daglo (surnommé Emetti), vice-président du Conseil souverain de transition, a de fortes chances de lui succéder. 

On ne met pas en place un nouveau système et un nouveau régime infaillible après trois décennies d’Omar el Béchir. Crise économique, montée des tensions entre les différentes ethnies du pays doivent se résoudre au plus vite. Le risque d’un échec complet serait celui de l’effondrement d’un nouvel Etat en Afrique, une nouvelle guerre et le risque d’un afflux massif de réfugiés, comme l’Europe en avait connu au moment de la guerre en Afghanistan et en Syrie. L’Europe, qui a tout à craindre d’un échec de la transition doit être pragmatique. Elle doit aussi être derrière ce processus car la première chose à craindre pour elle ce serait l’explosion de migrants sur le vieux continent. 

Plusieurs pays d’Afrique, et c’est le cas du Soudan, mènent une politique de contrôle et de démantèlement de ces réseaux. Du point de vue international, l’immigration illégale représente un vrai danger pour les Africains comme pour les Européens. Parmi ces flots ininterrompus, des terroristes peuvent profiter des réseaux pour s’infiltrer. C’est aujourd’hui un instrument clair du terrorisme transnational. Mais aussi un circuit qui favorise le trafic de drogue et d’êtres humains. 

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Le Soudan est à la croisée des chemins d’Afrique et des routes de l’immigration illégale. Venus de partout du continent africain, ces migrants restent pour 10% au Soudan, mais 90% des flux ne sont que de passage. Le pays dispose de près de 6700 km de frontières ouvertes bordant 7 pays. Dans le pays, les Forces de Soutien Rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Daglo, mènent un combat quotidien contre l’immigration illégale et le trafic d’humains depuis longtemps. C’est aussi au nom de la sécurité et afin de lutter contre le crime organisé que les Forces cherchent à démanteler les réseaux clandestins qui sévissent sur son territoire. 

Cela passe souvent par la mise en place d’opérations d’infiltration au sein des réseaux de trafiquants d’humains. De nombreux responsables ont déjà été arrêtés mais de nouveaux groupes se créent et de nouvelles vocations mafieuses émergent. Le désert rend la tâche compliquée. L’objectif du Soudan, tant qu’il le peut, est aussi de libérer ces migrants sans espoir de ces réseaux esclavagistes qui leur font payer cher un exil plus qu’hasardeux. 

Mais le pays est seul face à cela et ne reçoit aucune aide étrangère. La grande partie des actions de lutte contre cette immigration est menée par Mohamed Hamdan Daglo. Sans un soutien supplémentaire des Etats membres de l’Europe, qui ont tous le même intérêt à réduire drastiquement l’immigration illégale, le Soudan comme d’autres pays d’Afrique ne peuvent parvenir seuls à la tâche. Cela pour leur propre sécurité et afin d’éviter les drames auquel on assiste chaque jour en Méditerranée et ces centaines de migrants qui perdent la vie en mer. 

[1] Rapid Support Forces



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est chercheur en sciences politiques associé à l’ULB (Bruxelles) et à l’UQAM (Montréal). Publications récentes: "Les Emirats Arabes Unis à la conquête du monde" (2021, MAX MILO), "Les nouvelles menaces mondiales: La grande pandémie du déni" (2021, Mardaga).

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