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L’État de droit, c’est de gauche!

Ferrand rue Montpensier, Hanouna au bûcher !


L’État de droit, c’est de gauche!
Cyril Hanouna et Richard Ferrand © Sipa

Alors que Richard Ferrand est confirmé à la tête du Conseil constitutionnel (malgré une candidature très fragilisée), le Conseil d’État valide la fermeture de la chaîne C8 qui diffuse les émissions de Cyril Hanouna. Sale temps pour les libertés !


Le Conseil d’Etat a validé hier la fermeture de C8 (et de NRJ12) décidée par l’Arcom. Un média fermé sur décision du juge administratif, cela évoque plus la Russie de Poutine ou l’Iran des mollahs que la France des droits de l’homme. Pourtant, silence des belles âmes de gauche. La lutte continue puisqu’ils n’ont pas encore obtenu la mort de CNews. Selon moi, NRJ12 n’est qu’un dommage collatéral pour ne pas laisser C8 seule.

Hanouna, un trublion qui perturbe le ronron progressiste

Peu importe qu’on aime ou pas C8 et Cyril Hanouna. La chaîne avait déjà été sanctionnée lourdement à plusieurs reprises. Elle réunit deux millions de Français chaque jour, et l’émission de Hanouna a cette particularité de fédérer à la fois la jeunesse des banlieues et la jeunesse qui vote RN. Le problème serait-il la couleur politique de son actionnaire ? On observe rarement des sanctions contre les chaînes publiques qui diffusent parfois des informations très orientées ou font des dérapages. À TPMP, où il m’est arrivé de me rendre, le ronron progressiste est en réalité aussi présent qu’ailleurs, mais il n’est pas tout seul. Il ne faut pas croire qu’on y raconte que des horreurs réactionnaires ; des chroniqueurs y assurent comme partout ailleurs la même doxa  – simplement, le ronron progressiste n’y est pas seul. Quant à la vulgarité, il suffit de zapper sur les autres chaînes pour comprendre qu’elle n’est pas le problème.

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Si on ajoute que les fréquences libérées sont attribuées à des progressistes-bien-sous-tous-rapports et proches du pouvoir, le soupçon de politisation s’accroit. Enfin, coïncidence : C8 est fermée le jour où Richard Ferrand est confirmé à la tête du Conseil constitutionnel ! Sale journée pour l’Etat de droit et pour le respect qu’il inspire.

L’Etat de droit est pourtant parfaitement respecté, objecte-t-on. Oui, on respecte la lettre et on piétine l’esprit. L’État de droit, c’est l’impartialité, la neutralité, l’égalité de tous devant la loi. Or, à son sommet qui nomme-t-on aujourd’hui ? M. Ferrand, un ancien PS proche du président. Ou M. Chantepie, ancien directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault qui dirige la section du contentieux du Conseil d’État. Dans une enquête que je publie dans le prochain magazine Causeur, je démontre qu’il y a une certaine endogamie à l’Arcom, instance truffée de gens qui viennent du Conseil d’Etat, des chaînes publiques et de la gauche…

Petit monde

Or, toutes ces cours prétendument indépendantes fabriquent une règle jurisprudentielle, c’est-à-dire fondée sur l’interprétation, nécessairement influencée par leur vision du monde. Le minimum serait d’avoir une certaine diversité idéologique. C’est exactement le contraire. Un petit monde endogame où on pense tous pareil (multiculti et antifasciste, pour résumer) peut décider ce que j’ai le droit de regarder, qui notre pays doit accueillir et pour qui j’ai le droit de voter. Comme le dit Stéphane Germain, l’État de droit, c’est de gauche. Autrement dit, c’est ce qui enquiquine le populo et fait plaisir au Monde. On peut contester cette opinion, mais en réalité le soupçon ne devrait même pas pouvoir être formulé.

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La première mission de l’État de droit n’est pas de faire des chichis sur les droits de la défense du délinquant, c’est de nous protéger contre l’arbitraire du pouvoir. Mais qu’observe-t-on actuellement ?

  • Le juge constitutionnel nous interdit d’avoir ces frontières que la population réclame à cor et à cri ;
  • La plus haute juridiction pénale du pays valide les écoutes d’un avocat et condamne un ancien président de la République sur la base d’intentions supposées ;
  • Le gendarme des médias et le juge administratif ferment une chaine de télévision.

Si l’État de droit est censé me protéger, j’aimerais savoir qui protègera mes libertés contre l’arbitraire des juges qui incarnent cet État de droit.


Cette chronique a d’abord été diffusée dans la matinale de Sud Radio

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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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