L’Église anglicane serait-elle en train d’opérer un « rebranding » qui ne dit pas son nom ?
L’Église d’Angleterre, dont le roi Charles III est le gouverneur suprême, mais l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, le chef spirituel, envisage-t-elle d’éliminer le mot « église » de son langage pour mieux attirer le chaland ? Selon une étude publiée par un centre de réflexion ecclésiastique, ce pas a été franchi spontanément au niveau local. L’étude, intitulée « Nouvelles Choses » (New Things) pour souligner la variété des termes qui se sont substitués à « église », a enquêté sur 11 des 42 diocèses anglais et a trouvé que, depuis dix ans, aucun des quelque 900 projets de création de nouveaux lieux de culte n’utilisait le mot. Les termes préférés étaient surtout « communauté » ou « assemblée », bien qu’« ecclésia » signifie justement « assemblée » en grec ancien. Il semblerait donc que l’Église anglicane, dont la mission centrale devrait être de préserver et de transmettre l’intégrité de l’enseignement du Christ et des apôtres, soit tombée dans le piège de l’adaptation au monde moderne. L’étude en question a noté que, quand la théologie traditionnelle perd de son influence, on cherche l’inspiration dans d’autres sources, « à savoir l’entreprise et le management ». Pourtant, il est peu probable qu’un rebranding de l’anglicanisme puisse ralentir le déclin du culte. Pour certains membres du clergé et leurs paroissiens, le mot « église » rappelle trop des notions de hiérarchie et tradition, et évoque un passé qu’il s’agit surtout de nier. L’année dernière, le synode général a décidé que chaque paroisse devait mettre en place un plan d’action pour combattre l’injustice raciale, tandis que la commission qui gère les actifs immobiliers de l’Église veut absolument que cette dernière lève 1,2 milliard d’euros pour expier le péché de ses investissements dans la traite atlantique au début du XVIIIe siècle. Tout en oubliant son rôle central dans la campagne pour abolir la traite et l’esclavage. Au passage, on notera que l’expiation ne requiert plus une âme contrite, mais du fric. Voici revenu le temps des indulgences.