De nombreuses figures et personnalités de l’Histoire nous montrent que d’autres voies que l’école publique sont possibles pour produire de grands hommes. Par exemple le maréchal Leclerc.
Il a beaucoup été question, en 2020, du général de Gaulle. On n’a rarement – voire pas du tout – évoqué le fait que ses parents, faibles admirateurs des lois scolaires d’alors, avaient envoyé l’adolescent Charles en Belgique, à la suite de ses professeurs jésuites qui s’étaient retrouvés chassés du territoire français. Le cas de Georges Bidault, en quelque sorte le pendant civil du Général dans la Résistance et à la Libération, n’est pas moins engagé : c’est dès la sixième qu’il fut exilé en Italie !
Le maréchal Leclerc chez les jésuites d’Amiens…
L’exemple de Philippe de Hauteclocque est différent. L’un de ses plus proches collaborateurs militaires, le général Vézinet, publia tôt une biographie : Le Général Leclerc. Évidemment, l’essentiel se concentre sur la carrière militaire et, surtout, sur la seconde guerre mondiale. Les premiers chapitres nous retracent néanmoins l’enfance et la jeunesse de celui qui devait donner son nom à tant de rues, boulevards, avenues et places de France. On y apprend notamment que le futur maréchal Leclerc de Hauteclocque est né chez lui, avant d’être instruit de longues années par ses parents : « Conformément à la tradition des siens, le jeune Philippe commence son éducation à Belloy même. Sage, bien doué […] Dans une imprégnation rurale complète et une ambiance familiale toute de quiétude, l’enfant grandit, plus particulièrement sous l’influence de son père, de sa mère et de sa sœur aînée. »
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Un père « méprisant la République », « bon mais strict, [qui] lui inculque le goût de l’effort et la fierté du devoir en même temps qu’il lui apprend à se passer du superflu et parfois du nécessaire. De cet enseignement, il restera profondément marqué. » Sa mère lui prodigue « une première formation religieuse déterminante pour la foi qui l’animera sa vie durant », tandis que Françoise sa sœur « exalte son esprit par des récits imagés sur nos gloires nationales, et lui fait découvrir les secrets de destinées exceptionnelles. »
Ce n’est qu’en 1915 que Philippe de Hautecloque intègre un établissement scolaire, en classe de quatrième, où il brille par ses qualités académiques aussi bien qu’humaines: celui des jésuites à Amiens, dans un contexte où la première guerre mondiale a apaisé les lois anticléricales et l’exil des congrégations.
… comme Emmanuel Macron !
Emmanuel Macron devait lui aussi, plus tard, passer par ces mêmes bancs, alors vidés de leur âme.
Peut-être n’y avait-il même pas appris l’histoire du maréchal Leclerc: l’instruction que ce dernier a reçue dans son enfance relèverait selon les nouveaux gardiens de la Patrie de « manifestations de séparatismes sociologiques » ou « de séparatisme social » (sans même évoquer les opinions antirépublicaines de la famille concernée), et devrait en tant que telle être pourfendue…
Mais on reconnaît l’arbre à ses fruits !
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