L’Europe et la France ne vont pas bien, parce que nos élites sont nulles en économie. Et nos élites sont nulles en économie, parce qu’elles sont nulles en mathématiques. Démonstration.
Souvent, les « intellectuels » sont plutôt des « littéraires », comme nous l’avons récemment noté au détour d’une brève sur Caroline Fourest. Au sujet de la sortie l’euro et du retour au franc au taux de « 1 franc = 1 euro », celle-ci affirmait que le pouvoir d’achat des français fondrait, et que nous serions tous ruinés. Sans nous expliquer pourquoi. Rendez-vous compte ! Nous subirions des prix multipliés par un, et des salaires multipliés par un. Quelle fieffée pétainisterie !
Nous découvrîmes le pot aux roses un peu plus tard, lorsque s’exprimant à son tour pour conspuer le Front national, Nathalie Kosciusko-Moriset soutînt face à Zemmour et Naulleau « je prends l’exemple de la sortie de l’euro (…) la baguette coûtera alors 6,40 francs, plus l’inflation galopante ». Palsambleu !
Nathalie Kosciusko-Moriset n’est pas à proprement parler une « littéraire ». Mais à n’en point douter, elle aurait dû. Car de deux choses l’une. Soit on revient au franc avec un taux de conversion de 1 franc = 1 euro, comme certains – et pas le seul Front national – le proposent, et il ne se passe strictement rien tant qu’on ne dévalue pas. Soit, pour une obscure raison fleurant bon la nostalgie, on est persuadé qu’une réapparition du franc induirait le retour inévitable à sa valeur de 2002. Dans ce cas, la baguette vaudrait certes six fois plus cher. Mais nos salaires seraient multipliés…par six.
Mesdames les fortes en thème, nous vous en prions, avalez rapidement une infusion de sciences dures. Ecrivez autant de livres qu’il vous plaira sur Marine le Pen. Mais cessez d’essayer de nous faire croire qu’elle est la seule à proposer le retour au franc afin de mieux escamoter un débat qui serait plus utile s’il portait sur les « risques » et les modalités d’une sortie de l’euro suivie d’une dévaluation, même raisonnable. Surtout, cessez de chercher démagogiquement à terroriser le bon peuple en lui faisant le coup de la hausse du prix du pain. De toute façon, nous voulons de la brioche.
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