Il n’a échappé à personne que l’Allemagne fêtait ce dimanche les vingt ans de sa réunification, c’est-à-dire du rattachement de la République Démocratique Allemande à sa voisine, la République Fédérale (Allemande, elle aussi). Les commentateurs n’ont pas manqué d’épiloguer sur le coût de l’opération – forcément kolossal – et sur sa signification historique : la fin de la guerre froide. Mais curieusement, ils n’ont pas relevé que ce dimanche, l’Allemagne soldait également une autre guerre, et dans la plus grande discrétion : celle de 14-18.
Fidèle à sa signature, la République a en effet procédé au remboursement de la dernière tranche des emprunts émis par l’Allemagne de Weimar entre 1924 et 1930, afin de financer le paiement des « dommages de guerre » infligés par le Traité de Versailles. Ces versements, on s’en souvient, avaient contribué à déstabiliser le régime post-impérial et facilité l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir. L’événement, mineur en soit, puisqu’il portait sur un reliquat de quelques millions d’euros, laisse cependant songeur.
D’une part, parce que pour des générations d’étudiants français, le slogan « L’Allemagne paiera! » a longtemps constitué l’archétype d’une diplomatie irréaliste; or l’Allemagne, au bout du compte, a payé jusqu’au dernier Mark-or de ce qu’elle devait aux « marchés ».
D’autre part, parce que l’on pouvait à bon droit croire que les conséquences cataclysmiques de ces « réparations » (Troisième Reich, guerre planétaire, Shoah…) avaient rendu irrecevable toute réclamation des débiteurs, Anglo-Saxons pour l’essentiel, une fois la paix revenue; or, pas du tout : ces derniers ont bel et bien fini par obtenir gain de cause. Près d’un siècle après.
On serait Grec, on y méditerait.
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