C’est en avril dernier qu’Ulysses R. Erdoes, jeune chercheur de l’I.A.T.S. (Institute for Anti-Totalitarian Research) à New Rochelle, tombe par hasard sur le cliché de l’horreur. Cette image insoutenable, nous avons estimé de notre devoir de la publier dans Causeur, en première planétaire.
Ulysses R. Erdoes est en train d’accomplir des vérifications de routine dans le cadre d’un programme de dépistage du totalitarisme pré-natal. Ce garçon toujours impeccablement coiffé, souriant, sportif et mélancolique, n’en croit tout d’abord pas ses yeux. Un embryon présentant en apparence tous les signes de l’innocence et de la bonne santé a été pris en flagrant délit. L’image ne permet aucun doute : l’embryon accomplit le salut hitlérien. Il semble même narguer l’objectif de l’échographie. Il plastronne ! Et, comble de l’obscénité, il fait aussi le salut hitlérien avec sa jambe droite !
Ulysses R. Erdoes n’est pourtant pas encore arrivé au bout de ses surprises. Consultant ses registres, il établit que l’échographie de la honte a été réalisée le 31 juillet 1932 au Saint James Hospital de Newark, dans le New Jersey. La mère qui abritait sans le savoir ce monstre est une dénommée Bessie Roth, épouse de Herman Roth. Après quelques recoupements, il découvre enfin, sans aucun doute possible, que l’embryon nazi est un dénommé… Philip Roth !
Comment les médecins ont-ils pu ne s’apercevoir de rien à l’époque ? A l’évidence, ils ont préféré fermer les yeux sur l’inadmissible. Une enquête a été immédiatement ouverte, pour que les responsables s’expliquent sur leur silence criminel et les raisons pour lesquelles ils se sont abstenus d’accomplir leur devoir démocratique : pratiquer l’avortement politique qui s’imposait.
Ulysses R. Erdoes a retrouvé à Missoula (Montana) la trace du gynécologue en charge de Bessie Roth en 1932. Donald Kapiolani, âgé de 107 ans, est aujourd’hui sous les verrous et ne fera plus de mal à personne. Il a été inculpé pour haute trahison et nazisme passif. Lors de sa capture, l’affreux vieillard a argué de son grand âge afin de tenter d’extorquer on ne sait quelle clémence. Eternels arguments, toujours empreints des mêmes intolérables relents de pétainisme. La justice n’a que faire de ces arguties. Un coupable est un coupable.
Poursuivant son admirable travail d’investigation – au cours duquel, il est vrai, son bel allant le céda plus d’une fois à de longues crises mélancoliques, pendant lesquelles il regardait longuement et fixement dans le vide, en se recoiffant machinalement – Ulysses R. Erdoes a fini par mettre à jour le sens précis du geste par lequel Philip Roth, huit mois avant sa naissance, pactisait avec l’ignominie. Ce jour-là, le 31 juillet 1932, le Parti national-socialiste (NSDAP) devenait premier parti à la chambre en Allemagne, avec 37,4 % des voix. Voilà ce que saluait Philip Roth in utero ! Quels n’ont pas dû être les sauts de joie de ce sinistre embryon, lorsque, le 30 janvier 1933, deux mois avant sa naissance, Hitler devint chancelier.
L’infréquentable Philip Roth finit par naître, en toute impunité, le 19 mars 1933 à Newark. Toute sa vie durant, il dissimulera à ses proches comme à ses lecteurs sa secrète adhésion au nazisme, son adhésion de toujours et même un peu avant. Parmi l’entourage de l’indigne écrivain, seule Claire Bloom, son ancienne compagne, auteur en 1996 d’un violent et courageux livre-révélation sur leur vie de couple, a largement confirmé la stupéfiante découverte d’Ulysses R. Erdoes au cours d’un entretien téléphonique, affirmant qu’elle avait eu un « perpétuel et lancinant pressentiment de femme » concernant le nazisme de Philip Roth.
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