À quelques encablures du plus grand quartier asiatique de Paris, un tsunami politique emporte Le Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), dernière ville détenue par le Mouvement républicain et citoyen (MRC), qu’il n’est même plus loisible de surnommer le « Mouvement Réduit à Chevènement » depuis le départ de son fondateur en juin 2015. Début avril, le maire du Kremlin, Jean-Marc Nicolle, a en effet été placé en garde à vue puis mis en examen. En cause, une sombre affaire de gros sous sur fond d’addiction aux paris sportifs : entre 2010 et 2017, Nicolle aurait dilapidé près d’un million d’euros au PMU ! Pour financer ses 45 000 paris, parfois à raison de 2 000 à 3 000 euros par jour, l’élu aurait manipulé des dons d’entreprises auxquelles il aurait octroyé des marchés municipaux sans appel d’offres. En sus, Jean-Marc Nicolle est également soupçonné d’avoir détourné de l’argent du parti via des notes de frais injustifiées et des rapports de formation des élus largement plagiés, mais facturés 60 000 euros à l’institut de formation des élus du MRC.
Jusqu’ici présumé innocent, Nicolle confesse par la voix de son avocat une addiction au jeu « à caractère purement privé » et se défend de toute malversation. Quelle que soit l’issue judiciaire du dossier, le maire a d’ores et déjà perdu la confiance de son mentor Jean-Luc Laurent, qui l’avait précédé à la mairie de 1995 à 2016. L’ancien maire a déposé plainte et dit éprouver un « sentiment de trahison » après « trente ans de collaboration, de compagnonnage politique et d’amitié » auprès de son ex-bras droit. Aux dernières nouvelles, Jean-Marc Nicolle a retiré l’ensemble de ses délégations municipales à Jean-Luc Laurent.
Durant les quelques mois où j’ai travaillé à leurs côtés, entre 2010 et 2011, les deux élus opéraient en tandem et se vouaient mutuellement une confiance absolue. Jusqu’au sein de l’opposition, tous admiraient la formidable ascension du conducteur RATP qu’était Jean-Marc Nicolle, devenu à la force du poignet un premier adjoint aux finances réputé pour sa capacité de travail hors normes. Poussé à la démission par sa propre majorité, Nicolle n’a plus guère d’avenir politique. Tel est le triste sort des vaincus : un jour, ils prennent des métros qui repartent…
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