Ce lundi, les services de sécurité russes ont déclaré avoir déjoué une tentative d’assassinat contre l’homme d’affaires russe Konstantin Malofeev. Proche du président Vladimir Poutine, ce nationaliste est aussi à la tête du mouvement monarchiste «Aigle à Deux-Têtes» qui prône le retour de la monarchie après le dernier mandat du dirigeant russe. Pour le Kremlin, la culpabilité de l’Ukraine dans cette opération ratée ne fait aucun doute.
C’est un oligarque réputé très proche du Kremlin qui a été visé par un projet d’attentat à la voiture piégée. Konstantin Malofeev est un homme d’affaires sulfureux qui soutient publiquement la politique et les actions militaires du président Vladimir Poutine en Ukraine. L’information a été révélée le 6 mars 2023 par le Service fédéral de sécurité (FSB) qui a pointé du doigt une tentative « organisée par les services spéciaux ukrainiens » (le SBU). Le média RIA Novosti a publié des images, provenant directement des bureaux du FSB, montrant un homme non identifié plaçant des explosifs sous ce qui a été identifié comme étant la voiture de Malofeev, garée sur un parking, avant qu’un robot n’intervienne pour les neutraliser… Bien que personne ne soit en mesure de confirmer les faits énoncés, cette tentative d’assassinat de Malofeev ressemble curieusement à celle dont a été victime Daria Douguina en août 2022. Fille de l’idéologue néo-eurasiste Alexandre Douguine, cet attentat réussi aurait été organisé par l’Ukraine, comme le révélait le New York Times en octobre dernier. Le quotidien citait les services de renseignements américains qui pensent que « certaines parties du gouvernement ukrainien avaient autorisé cette opération ».
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Dès le début du conflit, il y a un an, l’Ukraine a démontré qu’elle était capable de frapper directement le Kremlin en s’attaquant aux personnes censées être proches du dirigeant russe. Le but étant de fragiliser le pouvoir de Vladimir Poutine et de semer le trouble parmi la population. Des projets audacieux qui ne font pourtant pas l’unanimité chez l’allié américain du président Volodymyr Zelensky. Washington craint en effet que Poutine ne réagisse toujours plus brutalement à chaque tentative du genre, organise ses propres représailles contre des politiques ukrainiens, que la guerre ne lui échappe totalement et dégénère complètement en conflit mondial.
Pour le Kremlin, il ne fait aucun doute que Kiev est de nouveau derrière cette tentative déjouée d’assassinat, bien que les concernés démentent formellement cette accusation. Le FSB a également déclaré qu’elle avait été coordonnée par un certain Denis Nikitine qui recevrait directement ses ordres du SBU. Chef du Corps des volontaires russes, ce néo-nazi assumé dirige un groupe d’extrême droite basée en Ukraine (il est pourtant interdit de séjour en Ukraine), et, comme le rappelle dans une de ses éditions le magazine L’Express, il entretient des liens avec le très controversé bataillon Azov qui combat les Russes. L’homme a récemment fait l’actualité : il a été accusé par Moscou d’avoir orchestré des actes de sabotage sur le sol russe pas plus tard que la semaine dernière.
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De son côté, la figure de Konstantin Malofeev, 48 ans, est loin d’être anodine dans le paysage politique russe. Ancien banquier né sous la période soviétique, il a fait fortune en créant différents groupes d’investissements. À la tête du groupe de média « Tsargrad », qui rassemble 7 millions de téléspectateurs, il ne cache pas ses préférences pour la monarchie. Malofeev a d’ailleurs créé le mouvement Aigle à Deux-Têtes qui finance les commémorations et pèlerinages organisés chaque année en hommage au tsar Nicolas II et sa famille, exécutés à Ekaterinbourg en 1918. Pour diffuser ses idées, ce milliardaire est même président du conseil de surveillance du Collège Saint-Basile-le-Grand. Une institution qu’il a lui-même fondée et qui accueille des étudiants à qui on distille une éducation strictement traditionaliste orthodoxe. Un tiers des Russes soutient la restauration de la monarchie. Le retour des Romanov sur le trône est une question qui agite régulièrement la presse russe, mais qui a toujours été jusqu’ici balayée d’un revers de la main par le président Poutine. C’est aussi un lobbyiste qui entretient des liens avec plusieurs leaders politiques d’extrême-droite présents sur le Vieux continent. La France n’échappe à la toile que Malofeev a étendue à travers l’Europe (il est un bienfaiteur du Congrès des Familles qui rassemble tous les ans les grandes figures de l’ultra-conservatisme de la planète). Jean-Marie Le Pen ou Philippe de Villiers feraient partie de sa liste de contacts dans l’Hexagone. Accusé d’avoir orchestré des tentatives de coups d’État au Monténégro ou en Bulgarie, Konstantin Malofeev a ardemment soutenu le rattachement de la Crimée à la Russie et conserve toujours des liens étroits avec les dirigeants de la république du Donetsk. Bien qu’il nie tout soutien financier et armé aux républiques séparatistes russes d’Ukraine, arguant qu’il achemine uniquement des convois humanitaires vers les zones de conflit, les États-Unis ont décidé de le sanctionner en février et ont gelé ses avoirs financiers afin de les redistribuer à Kiev. Rien qui ne saurait impressionner l’oligarque. Interrogé, peu de temps après cette tentative avortée d’assassinat, Konstantin Malofeev a déclaré que « même menacé, cela n’affecterait pas ses convictions patriotiques ni sa lutte contre les ennemis » de la Sainte Russie.
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