Kirill, patriarche de l’Église orthodoxe russe, en mai dernier : « Il est de notre devoir de faire régresser l’avortement au vu des proportions qu’il a pris »
Croissez, multipliez ! C’est le message biblique qu’a délivré le patriarche de Moscou et de toutes les Russies à ses compatriotes orthodoxes le 19 mai.
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Lors de la remise du prix « Ambassadeur de la défense de la vie avant la naissance », le prélat s’est désolé de la décroissance démographique russe. Comment lui donner tort ? Depuis l’éclatement de l’Union soviétique, la population russe est passée de 148 à 142 millions d’habitants (Crimée non incluse). Pour combattre la dépopulation, le patriarche Kirill a pointé du doigt la responsabilité des pouvoirs publics, jugeant les allocations maternelles insuffisantes. Poutine appréciera.
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Mais son discours a atteint son sommet polémique lorsqu’il s’est lancé dans une saillie anti-IVG : « Il est de notre devoir de faire régresser l’avortement au vu des proportions qu’il a pris ». Avec une arithmétique toute personnelle, le patriarche estime à un million le nombre d’enfants qui n’ont pas vu le jour l’an dernier du fait des avortements. Dans sa bataille « pour la vie », le prélat reprend un argument nataliste né au temps de l’Union soviétique. Alors que la République socialiste fédérative soviétique de Russie fut le premier pays au monde à légaliser l’avortement dès 1920, Staline l’avait réinterdit seize ans plus tard pour relancer la démographie. Rétabli en 1955 sous Khrouchtchev, le droit à l’avortement a été adopté par de nombreuses femmes russes comme un moyen de contraception, notamment pendant la crise des années 1990. En recul ces dernières années, l’avortement perturbe toutefois beaucoup moins la pyramide des âges russe que l’alcoolisme ou le suicide.