La contre-offensive réussie de Kharkiv permet aux Ukrainiens de rêver d’une reconquête de leur territoire. Face à cet échec patent, commentateurs et experts sur les chaînes télévisées russes ou Telegram offrent d’autres explications. Mais, des langues se délient aussi.
Dans la région de Kharkiv, la Russie vient de perdre une bataille. Et si, comme dit l’adage, la guerre n’est pas perdue, les décideurs russes sont devant un dilemme. Avec les moyens alloués à l’opération spéciale, notamment en hommes, un retournement de la situation militaire n’est pas possible. Pire encore : il n’est pas sûr que les forces russes engagées en Ukraine ne soient désormais en mesure d’empêcher des revers politiquement et stratégiquement plus dangereux, comme la perte de Kherson et / ou de parties du Donbass occupées aujourd’hui par Moscou.
Un retrait contrôlé, vraiment ?
Ce genre d’échec risquerait de mettre en péril le régime, ou, du moins, celui qui est aujourd’hui à sa tête. Or, mobiliser suffisamment de moyens pour permettre de changer radicalement la donne exige beaucoup de temps (quelques mois, au moins, pour recruter, entraîner, équiper et envoyer au front) sans parler des conséquences politiques et économiques d’une telle mesure (ce qui explique pourquoi le Kremlin ne l’a toujours pas fait). Pas sûr non plus que l’Ukraine laisse aux Russes le temps nécessaire pour préparer leurs armées de secours. Et si la situation militaire est déjà difficile sur le front, la victoire ukrainienne risque de faire encore plus des dégâts en termes de propagande, car elle ébranle sérieusement le récit russe d’une opération spéciale qui se déroule comme prévu avec patience et méthode afin d’obtenir les objectifs assignés par le commandant en chef, tout en épargnant autant que faire se peut aux frères et sœurs ukrainiens les horreurs de la guerre et en préservant les infrastructures du pays…
