Depuis que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré vouloir interdire le tabac dans les films, c’est l’effervescence !
La fin des pipes au cinéma?
Nadine Grelet-Certenais, sénatrice PS de la Sarthe, en pointe dans ce combat souligne que « 70 % des nouveaux films français mettent à l’image au moins une fois une personne en train de fumer. » Ce qui, selon elle, contribue à banaliser la consommation de tabac au sein de la population. Des professionnels du cinéma sont déjà montés au créneau pour rappeler qu’un art n’a pas pour mission de modifier la société, mais d’en rendre compte… Quelle étape, ensuite ? L’effacement des cigarettes et pipes des films du patrimoine ? Le retournage complet de grands chefs d’œuvres afin d’en faire disparaître toute référence au tabac ? Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin dans cette furie hygiéniste et morale ? Après le tabac, l’alcool, les courses-poursuites (qui devront se faire en respectant scrupuleusement le code de la route), les pratiques à risque de toute nature, comme par exemple de traverser une rue en dehors des passages piétons. Afin de faciliter le travail de la future commission qui sera chargée de la normalisation de tous les grands films du passé, voici quelques pistes que nous soumettons modestement…
Exit John Wayne…
Il faudra commencer par s’occuper de la question des westerns, et en priorité du cas John Wayne. Il faudra le doter de cigarettes électroniques et le faire aller à rollers : il est inacceptable que des chevaux soient exploités sur un tournage. Il faudra ensuite retourner intégralement la série du Parrain, afin de ne pas favoriser les pratiques criminelles : les différents personnages ne feront pas partie de la mafia, mais seront les gérants d’un petit bar-tabac familial et ma foi bien sympathique.
Afin de ne pas encourager la pédophilie, il sera obligatoire de retourner intégralement Lolita de Stanley Kubrick : les deux protagonistes devront avoir strictement le même âge, au jour près.
…et « les films qui font du bien » avec Kev Adams
Il sera nécessaire de refaire également La fureur de vivre… exit les courses de voitures, les jeunes se livreront à leurs pratiques suicidaires dans un mini-golf, encadrés par des éducateurs et des agents d’ambiance. Parce que la sécurité routière est une priorité nationale, il faudra retourner Easy Rider, le chef d’œuvre de Dennis Hopper… les rebelles à moto, voilà une image bien trop mortifère ! Les personnages évolueront sur des Segway, ou éventuellement des patinettes électriques.
Et sinon, si la ministre elle avait le pouvoir d’interdire AUSSI les films avec Kev Adams dedans, les comédies familiales poussives où les acteurs s’ennuient ostensiblement, les films adaptés de jeux vidéo, les films « engagés » avec Vincent Lindon dedans, Guillaume Gallienne, les comédies « sociétales » sur des sujets « concernants », les films qui suscitent cette phrase des critiques paresseux : « un film qui fait du bien ! » Voilà. Pour un début.
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