La réalisatrice tunisienne du documentaire récompensé La vie d’Olfa, Kaouther Ben Hania, a notamment prononcé un appel au cessez-le-feu entre Isräel et le Hamas aussi vibrant que bancal.
Je ne regarde plus la cérémonie des César depuis longtemps. Avant c’était la fête du cinéma, du rêve, de l’esthétique. Aujourd’hui, la grand’messe du septième art est devenue essentiellement une tribune pour artistes en mal de politique bienpensante, dont les slogans quels qu’ils soient seront acclamés par un public conquis d’avance.
Artistes ou clowns?
De cet heureux passé au sombre présent demeure un fil rouge: l’illusion. Auparavant elle était au service de l’art, de l’évasion. Aujourd’hui, c’est l’art comme artifice qui s’est soumis à une forme d’illusion, un mensonge. Celui que veut nous imposer une minorité régnante et bruyante. Cette cérémonie, avec les révélations de Judith Godrèche, devait porter l’éclairage sur le phénomène de la violence faite aux femmes. Quel valeureux artiste en a profité pour dénoncer les viols collectifs du 7 octobre en Israël ? Aucun.
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Je ne vise pas ici Agnès Jaoui pour son silence: endeuillée du 7 octobre et visiblement extrêmement émue, elle s’est suffisamment exprimée et impliquée, et sa pudeur n’a d’égale que sa grâce et son intelligence. Un comédien, Arieh Worthalter (« meilleur acteur » pour Le procès Goldman NDLR), a tenté de ne blesser personne en appelant à la fin de la guerre et au retour des otages. Dans son plaidoyer pour un monde de bisounours, il a juste oublié que sans opération de l’armée israélienne contre le Hamas, les otages ne reviendraient jamais. Mais ça n’est pas très glamour de rappeler la vérité.
La femme qui a vendu sa peau et son âme à l’indignation sélective
De son côté, la réalisatrice de L’homme qui a vendu sa peau, la Tunisienne Kaouther Ben Hania, visiblement beaucoup plus énervée, a dénoncé : « Il faut que le massacre cesse » à Gaza. « C’est tellement horrible et personne ne peut dire qu’il ne savait pas. C’est le premier massacre en live-screen, en direct sur nos téléphones ». Un instant, je me suis dit qu’elle parlait du massacre du 7 octobre où les familles des victimes ont assisté, épouvantées et impuissantes, en direct sur les réseaux sociaux, au massacre, aux mutilations, au viol des leurs, des bébés aux rescapés de la Shoah, le tout filmé par leurs fiers bourreaux.
C’est sans doute son irritation qui l’a fait mentir également, car aucun soldat israélien ne tue volontairement des civils. Tuer volontairement et massivement des êtres vivants, c’est la définition du “massacre”. Elle a apparemment fait ses études de réalisatrice à la prestigieuse Fémis et à l’université Sorbonne-Nouvelle. Elle aurait dû y apprendre que les mots ont un sens, une valeur et que les exprimer peut avoir des conséquences parfois dramatiques, dont l’auteur est responsable. Apparemment elle a dû sécher les cours de linguistique. On ne répétera jamais assez que les terroristes du Hamas se terrent comme des rats dans les tunnels construits avec l’argent européen laissant leur population comme bouclier humain et s’entourant des 130 otages dont Kfir, un an, et Ariel, quatre ans. Ironie de l’histoire, dans La vie d’Olfa (« meilleur film documentaire » NDLR) elle dénonce la radicalisation, celle-là même qui a fait agir les terroristes islamistes du Hamas. Quel paradoxe!
Un peu d’Histoire
Si j’avais l’esprit pervers, je lui rappellerais qu’après avoir été expulsés de Judée, lors de l’Exode il y a deux mille ans, nombre d’hébreux de la tribu de Yehouda, dont sans doute certains de mes ancêtres, se sont retrouvés au Maghreb et notamment en Tunisie sans passer par la case Inquisition espagnole. Et ce n’est que cinq siècles plus tard, que les ancêtres de Kaouther Ben Hania s’y sont probablement installés ! Cela ne les aura pas empêchés d’affubler aux miens le statut inférieur de dhimmis jusqu’au protectorat francais, à la fin duquel l’immense majorité des juifs a dû s’exiler, la vie pour eux devenant impossible dans leur pays natal. Si l’on peut constater que le gouvernement tunisien nous a expulsés de fait, nous l’en remercions car malgré la nostalgie d’un monde pluricentenaire qui disparaît, nos familles ont rejoint la France, Israël et les États-Unis, quittant une société archaïque pour s’intégrer dans des pays modernes et libéraux. Nous n’avons jamais revendiqué de droits sur cette terre sur laquelle nous étions établis avant les occupants actuels.
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Des élites dans la stratosphère
Si les VIP du cinéma français ont une idée bien arrêtée sur notre droit à nous défendre contre les barbares du Hamas, ils n’ont jamais eu aucun mot pour les centaines de milliers de morts ouïghours, congolais ou syriens. Cela dit, ils sont de plus en plus en décalage avec un peuple qui se rend compte de leur posture trompeuse. Les Brésiliens nous en ont fait une manifestation flagrante à leur mesure : démesurée et joyeuse. Après les propos insoutenables de “Lula” sur la guerre à Gaza, ce ne sont pas moins de 500 mille citoyens qui sont descendus dans les rues de Sao Polo pour défendre et apporter leur soutien à Israël. Quelle déception pour le président – repris de justice – pensant fédérer les siens. Il a réussi à les unir contre lui. Dans le monde arabe, on ne compte plus les voix qui s’élèvent pour condamner le pouvoir du Hamas et l’emprise du Hezbollah qui n’ont apporté que terreur et dénuement dans les territoires qu’ils contrôlent.
Illusion perdue
Des illusions ont déjà plusieurs fois causé “la perte” du peuple d’Israël. Par exemple, dans la parasha[1] cette semaine, Ki tissa, le sat’an craignant le don de la Torah aux enfants d’Israël, crée une illusion leur faisant croire que Moïse ne reviendra pas du mont Sinaï. Dès lors, déboussolés par la perte apparente de leur leader et la non réception de la Torah, ils décident de construire le veau d’or. De cette histoire on doit retenir que seule la Vérité a une valeur constructrice et doit guider nos pas fidèles à la morale universelle qu’Israël, lumière des nations leur a apporté.
[1] Portion de la Torah qu’on lit hebdomadairement