Mal défendue par ceux qui la font, mal critiquée par ceux qui la commentent, mal vécue par ceux qui la sollicitent, la justice française mérite pourtant notre fierté collective. Comme toute discipline humaine, elle ne sera améliorée qu’à condition de lui faire davantage confiance.
La Justice fait partie de ces sujets sur lesquels chacun a son mot à dire sans que l’ignorance ou la superficialité soient un frein à l’envie citoyenne d’une expression en général d’autant plus péremptoire qu’elle ne se fonde, au mieux, que sur des expériences singulières et fragmentaires, au pire, que sur des poncifs récoltés partout.
Ce ne serait que la rançon de la démocratie si les politiques de droite comme de gauche n’étaient pas eux-mêmes sujets à des approximations et à des méconnaissances qui font douter trop souvent de la lucidité parlementaire. Avec cette particularité que, si l’idéologie compassionnelle gangrène certains députés et sénateurs, il y a des banalités prétendues progressistes qui malheureusement les touchent quasiment tous.
Ces approximations dont la tonalité est systématiquement pessimiste, loin d’être corrigées par la plupart des médias, sont au contraire renforcées par une vision qui conduit les journalistes, par une vision sélective ou, pire, partisane, à ne retenir de la réalité judiciaire que les erreurs ou les dysfonctionnements, de sorte que le citoyen de bonne foi, désirant s’informer, est implacablement plongé dans un bain critique, partiel, partial et pourtant péremptoire. Et je n’évoque pas seulement ce quotidien irremplaçable et contestable qu’est Le Monde, dont l’idéologie jésuitique cache mal les préjugés malgré l’apparente objectivité du ton. En effet, on retrouve partout cette propension à dresser un tableau noir à partir duquel évidemment on décrète l’institution judiciaire
