Supercherie raciale
Le propre des crimes de haine est de provoquer de la haine – contre les présumés coupables. Un cas d’école est celui de l’acteur et chanteur afro-américain, Jussie Smollett, ex-vedette d’une série télévisée à succès, Empire.
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En janvier 2019, il prétend avoir été victime d’une agression nocturne à Chicago. Il aurait été tabassé par deux hommes masqués à la peau « pâle » qui, le couvrant d’insultes racistes et homophobes, l’auraient arrosé d’eau de Javel avant de lui attacher un nœud coulant autour du cou. Ils seraient partis aux cris de « Ici, c’est le territoire MAGA ! » – le mot de ralliement des supporteurs de Donald Trump. L’agression provoque un tollé : le gratin hollywoodien dénonce la violence raciste des Blancs et des trumpistes, tandis que les politiques démocrates, la future vice-présidente Kamala Harris en tête, s’indignent d’un véritable « lynchage moderne ». L’enquête policière découvre rapidement que Smollett aurait versé 3 500 dollars à deux frères nigériens rencontrés dans une salle de sport pour faire semblant de l’attaquer.
Sa motivation ? Attirer la sympathie générale et se venger d’un studio de tournage qui n’aurait pas pris au sérieux des menaces contre lui. L’organisation Black Lives Matter le défend : « Nous ne pouvons jamais croire la police » contre la parole d’« un Noir courageux ». Finalement, le 9 décembre 2021, un tribunal reconnaît Smollett coupable d’avoir manigancé sa propre agression. Le comble de l’absurdité est atteint lorsque le comédien est interrogé par le procureur. Celui-ci, blanc, lui lit à haute voix les messages privés sur Instagram envoyés par Smollett à un des frères. Ces messages contiennent le « mot en n », que le procureur est obligé de prononcer, avant que Smollett ne lui demande de cesser pour ne pas « offenser chaque Afro-américain dans cette salle ».
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Tout au long de cette supercherie, la star a cherché à exploiter les préjugés anti-Blancs : seuls des Blancs auraient pu l’agresser ; seule la police au service des Blancs aurait pu douter de sa parole ; seul un Blanc peut chercher à offenser en prononçant le mot tabou. En voulant exploiter ces préjugés, il a certainement réussi à les renforcer.
Mais par ses mensonges, il sape les efforts de vraies victimes pour obtenir justice.