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Jurassic Park socialiste II, le retour


L’an dernier, avec mon excellente camarade Muriel Gremillet, nous vous expliquions l’état pitoyable d’une fédération socialiste, celle du Jura, où régnait une atmosphère digne de Dallas, et qui se préparait à porter à l’Hôtel du Département son JR Ewing, l’impitoyable Christophe Perny. Les Cantonales remportées, JR est effectivement devenu président du Conseil Général et fait la pluie et le beau temps dans le Jurassic Park socialiste. Mais la conquête d’une seigneurie ne permet pas forcément de redonner des couleurs plus saines à la fédé PS même dans un contexte de conquête de l’Elysée par François Hollande.

Car depuis quelques jours, on assiste à un spectacle unique en France, et sans doute en Europe. Figurez-vous que le Parti Socialiste a l’intention de présenter aux élections législatives deux candidates qui seront sans doute frappées d’inéligibilité en cas d’élection. Danielle Brulebois et Sylvie Laroche ont été investies par le PS il y a quelques mois, respectivement dans les première (Lons-le-Saunier) et troisième (Dole) circonscriptions du 3-9, la deuxième (Saint-Claude) ayant été réservée au PRG. Actuellement, toutes les circos sont détenues par l’UMP, celles qui nous intéressent l’étant par Jacques Pélissard, par ailleurs président de l’association des maires de France, et Jean-Marie Sermier.

Pendant le mois de mars, des encarts publicitaires ont été publiés dans la presse locale annonçant des réunions pour chacune des deux candidates aux élections législatives. Pour Danielle Brulebois, ils ont été publiés dans l’édition jurassienne du Progrès du 4 mars et du 25 mars 2012 ainsi que dans La Voix du Jura (hebdomadaire) du 1er mars 2012. Pour Mme Laroche, le même type d’encart apparaissait dans l’édition jurassienne du Progrès du 11 mars et du 25 mars 2012. Il semble bien que le code électoral ait échappé à nos inexpérimentées candidates puisque cette pratique contrevient à son article L 52-1 : « Pendant les six mois précédant le premier jour du mois d’une élection et jusqu’à la date du tour de scrutin où celle-ci est acquise, l’utilisation à des fins de propagande électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est interdite ». Quant à l’article L 90-1, il ajoute, impitoyable : « Toute infraction aux dispositions de l’article L. 52-1 sera punie d’une amende de 75 000 euros ». Certes, les effets juridiques de la méconnaissance de l’article L. 52-1 du Code électoral n’apparaissent qu’après le scrutin, une fois le juge de l’élection saisi (selon les élections, par un électeur, un candidat ou le préfet). La violation des interdictions électorales peut entraîner la réformation ou l’annulation de l’élection suivant l’objet de la protestation par laquelle il a été saisi. Le juge de l’élection peut alors prononcer l’inéligibilité du candidat[1. En outre, elles pourraient avoir à payer de leur poche la campagne dont les comptes auraient été ainsi invalidés.]. Pour que le juge n’invalide pas l’élection dans ces conditions, il faudrait que les candidates gagnent avec une marge très importante. Or, ce scénario paraît assez improbable, surtout dans la circonscription détenue par Jacques Pélissard, où seule une victoire au raccroc peut éventuellement être espérée.

Il sera d’autant plus difficile d’obtenir une large victoire que cette histoire, désormais publique puisqu’elle a fait l’objet de plusieurs articles dans la presse locale, va être utilisée à fond par les sortants UMP, qui auront beau jeu de dénoncer pendant la campagne des candidates PS incapables de respecter la loi électorale. De même, les autres candidats de gauche argueront de l’inutilité de voter pour une candidate ne pouvant être élue. Toute la campagne législative de Brulebois et Laroche sera pourrie par cette boulette mémorable, à l’instar du sparadrap du Capitaine Haddock. Dès lors, la solution la plus simple serait, pour le Parti Socialiste, de changer de candidat(e)s. Pour la circonscription de Dole, le futur score de Mélenchon pourrait régler l’affaire : elle figure parmi les cibles du Front de Gauche pour l’après-présidentielle. Solférino et Perny se résoudront certainement à sacrifier Sylvie Laroche et à laisser le terrain libre à Patrick Viverge (Parti de gauche). Reste la première circonscription où Danielle Brulebois n’est pas décidée à laisser la place à qui que ce soit. Ne se sentant pas responsable de la bêtise, elle veut aller jusqu’au bout, quitte à payer une amende de 75000 euros et de devoir payer sa campagne, non remboursée par l’Etat. Vous avez dit, « kamikaze » ?

Ce n’est pourtant pas Christophe Perny qui la décourage dans cette intrépide intention. C’est à se demander si le Président du Conseil Général souhaite la victoire d’un député socialiste dans son département. Mais je suis sans doute mauvaise langue.



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