Primaires : Juppé revient dans le jeu


Primaires : Juppé revient dans le jeu

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L’UMP vient de rendre publique la charte d’organisation des futures élections primaires qui auront lieu en novembre 2016, en vue des élections présidentielles de 2017. On dissertait depuis le retour de Sarkozy sur le format de la fameuse primaire : fermée (aux seuls adhérents), semi-ouverte (aux adhérents et aux électeurs de l’UMP), ouverte à tous à droite et au centre (mais pas uniquement, chacun pouvant s’inscrire).

La première version envisageable ne laissait aucune chance à Juppé, les adhérents de l’UMP étant extrêmement remontés, ils trouvent majoritairement Juppé trop « centriste ». Il faut se souvenir du guet-apens dans lequel Juppé s’est retrouvé dans sa propre ville, quand une salle pleine de militants UMP chauffés à bloc l’avait copieusement sifflé.

La dernière version, une primaire très large qui accueillerait plusieurs millions de participants, comme la primaire socialiste, redonne des chances à Juppé. Car les électeurs, pris dans une acception plus large, c’est-à-dire plus centriste, plus conservatrice, aiment bien Juppé.

Bref, la « turbo-droite » plébiscite Sarkozy, la droite conservatrice préfère Juppé. Dans ce contexte, les commentateurs politiques prévoyaient une bataille âpre pour formater les primaires UMP. Sarkozy devant militer pour une primaire fermée, et Juppé pour la primaire la plus ouverte possible. C’est pourquoi on est étonné d’apprendre que Sarkozy a rendu les armes si facilement en acceptant le modèle Juppé. Rien n’est pourtant gagné pour ce dernier. Mais Sarkozy aurait pu tuer sa candidature dès aujourd’hui en l’enfermant dans une primaire étroite. On peut s’étonner qu’il ait laissé passer une si belle occasion. Aurait-il perdu la main ? Qu’est devenu l’habile manœuvrier qu’il est censé avoir été ?

Nicolas Sarkozy a peut-être cependant un atout maître dans sa manche : dans le cadre d’une primaire très ouverte, il est possible que l’UDI envoie un candidat à la primaire de « la droite et du centre », ce candidat n’ayant aucune chance d’être élu mais cannibalisant beaucoup de voix destinées à Juppé. On voit souvent Jean-Christophe Lagarde avec Sarkozy en ce moment et c’est peut-être le plan qu’ils ont concocté ensemble : noyer les primaires dans des candidatures parasites pour affaiblir Juppé. Car toutes les candidatures crédibles, celle d’un candidat soutenu par l’UDI, celle de Le Maire ou de NKM à l’UMP, viennent cannibaliser le potentiel de voix de Juppé et beaucoup moins celui de Sarkozy. C’est sans doute le pari du président de l’UMP.

Mais Nicolas Sarkozy fait un pari risqué en n’exécutant pas tout de suite Juppé en organisant une primaire fermée. Lui redonner de l’air et des perspectives électorales au lieu de l’asphyxier dès aujourd’hui, c’est lui donner une autorité sur la droite et le centre que les militants ne lui reconnaissent pas. C’est prendre le risque de faire converger le choix des médias et le choix des électeurs.

Brutus a laissé un répit à Antoine après s’être débarrassé de César. Nicolas Sarkozy devrait se souvenir avec quelle maestria Antoine en a tiré profit pour retourner la plèbe en sa faveur contre Brutus. Mais Nicolas Sarkozy a-t-il lu Shakespeare ?

*Photo : wikicommons.



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Xavier Théry travaille dans un grand groupe de communication.

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